Entre espoir et appréhension

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Si la campagne électorale s’est déroulée -pour une fois- dans le calme et la sérénité, il n’en demeure pas moins que l’opinion publique, dans sa majorité, reste sceptique voire indifférente et ce, malgré les assurances émises par les postulants à la députation. Ce sentiment trouve ses raisons dans nombre de causes bien connues du reste. Les leaders politiques eux-mêmes, ne voulant pas anticiper les faits, se cachent derrière un espoir de voir les choses  » enfin  » bouger. En réalité, si la majorité des acteurs ayant investi la campagne, a exhorté les citoyens -et c’est devenu presque l’enjeu primordial- à se rendre massivement aux urnes, c’est justement par crainte d’une fraude massive et que le changement ne soit pas pour demain. Nombre de signes plaident en ce sens.

Entre les chiffres avancés, avant même le début de la campagne par la troïka FLN-RND-MSP, la décision du ministère de l’Intérieure quant aux PV des résultats, l’amalgame des prérogatives, les moyens utilisés et le versement quasi-total de certains partis dans un populisme zélé, nous renseignent sur une volonté manifeste de vouloir détourner la volonté populaire.

Sinon, pourquoi n’ayant pas mis les lignes rouges ou plutôt sanctionné certains candidats qui, soit utilisent les moyens de l’Etat à leur guise, instrumentalisent la religion, l’image du président et son programme, soit pronostiquent les résultats sans aucune référence officielle ?

M. Yazid Zerhouni, qui vient de déclarer que les PV des résultats ne peuvent être remis aux représentants des partis politiques et candidats indépendants qu’au niveau central, et qui a été interpellé, à juste titre, par

M. Bouchaïr, président de la CNPSEL, suscite une crainte somme toute légitime des partis politiques sauf un bien sûr, le FLN, en l’occurrence. En effet, ce dernier suffisamment implanté dans les institutions, a reçu les faveurs de l’administration. Pour preuve, la flagrante allégeance à sa liste dans la wilaya de Béjaïa en la validant bien après l’expiration du délai de déposition.

Pis, M. Belkhadem se targue d’être à l’origine du retour de la stabilité politique au pays. Pour autant, celui-ci n’a pas déclaré que justement à l’origine de la crise, c’était son parti qui gouvernait, seul, le pays et dont il a été le président de l’APN à…l’époque et évacuant d’un revers de la main, tous ceux et celles qui ont donné de leur vie et de leurs efforts pour que la République demeure. Il a vanté les projets réalisés dans le cadre du plan de relance économique, et par-dessus tout, il a prophétisé un raz-de-marée en faveur de son parti, sous-entendant une majorité absolue. Ses ministres, dont M. Djiar qui, parti à la rencontre des citoyens de Boumerdès, a immédiatement utilisé son portable pour le règlement de certaines préoccupations dépendant de son ministère ou celui de la Poste et des technologies de l’Information, M. Boudjemaâ Hichour qui faxe via son ministère un communiqué pour une couverture d’un meeting électoral. Plus spectaculairement fut le cas du tête liste FLN à Batna qui, selon le Soir d’Algérie, a exhorté les chef de tribus à Arris -encore une entorse à la démocratie !- à voter pour…les listes du MSP et d’El Islah ?! Celui-ci prouve si besoin est, que les candidats FLN ne s’inquiètent point du verdict populaire car ayant apparemment acquis l’essentiel des sièges par on ne sait quel moyen. Sans omettre les islamistes du MSP qui du populisme à la promesse, se promettent un tiers des sièges dans la future assemblée.

L’espoir est permis disent les uns, les jeux sont faits disent les autres. Entre ces deux appréciations, seule la sentence des résultats fera la différence.

Yassine Mohellebi

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