Victoire sans gloire

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Les 14 sièges courtisés par 24 listes à Tizi Ouzou sont revenus à trois partis politiques : le RCD avec 7 sièges, le FLN 4 sièges et le RND 3 sièges. En termes de sièges, le parti de Saïd Sadi enregistre le même résultat qu’en 1997, partagé avec le FFS. Le RCD qui n’a signé aucune avancée stagne et en l’absence du parti de Hocine Aït Ahmed cette fois-ci, qui a boycotté le scrutin. L’émergence par contre des deux partis de l’Alliance présidentielle le FLN et le RND, est un fait inédit en Kabylie, où ils ont réussi a arracher des sièges dans la compétition libre et plurielle.

Les partis de l’Alliance rivalisent avec le RCD en Kabylie, qui avec les 30 000 voix rassemblées, renseigne du net recul par rapport à 1997 où il avait totalisé 105 000 voix à son profit. Un déficit de plus de 70 000 voix est relevé ; si l’on analyse de façon chiffrée les résultats. Seulement 16, 14 % du corps électoral à Tizi Ouzou ont exécuté l’acte électoral et près de 84 % ont carrément tourné le dos au rendez-vous. Il faut dire aussi que l’ensemble des partis entrés en lice à Tizi Ouzou, a mené une campagne morose et timide, incapable de drainer les foules d’antan. La désaffection populaire et le désintérêt a beaucoup plus concerné les jeunes de moins de quarante ans. Il s’agit en fait, en ce 17 mai à Tizi Ouzou, d’un vote strictement militant, qui a permis à des partis de signer une victoire mais sans gloire. La question qui se pose et qui est légitime : les futures députés représenteront-ils toute la Kabylie ? Sachant que sur près de 600 000 inscrits moins de

94 000 citoyens ont voté.

Loin de tout glissement sémantique pour les qualifier d’indus élus, le déficit de plébiscite autorise le sobriquet de sous-élus. La chose fondamentale livrée par cette élection, en dehors de la diatribe arithmétique, est la forte tendance de la jeunesse à ne pas se reconnaître dans toute élection pour l’unique raison que l’intérêt procuré profite seulement à l’élu.

Cela est aggravé par la qualité de certains candidats et la nature des discours tenus sur les perchoirs des meetings. L’insulte, l’invective, les mensonges, les promesses creuses, ont caractérisé les propos de la majorité des intervenants. En ce sens que l’électorat militant s’est chargé de la rescousse aux partis traditionnels (RCD-FLN-RND), dont les structures et les moyens existent pour mobiliser, mais en vain. Il revient à ces partis de revoir leur copie, sans se suffire des quelques strapontins obtenus dans une situation de chaos de la société à la chose politique. Les repères s’étiolent, quand on sait que des partis ont échoué dans leurs fiefs traditionnels et pour illustrer cela, le RND a eu raison sur le RCD dans trois localités qui lui étaient par le passé acquises : Larbaâ Nath Irathen, Tizi Rached et Tizi Ouzou, le chef-lieu de wilaya. Par contre, le mérite peut revenir à des partis comme le PST, l’ANR, les listes Indépendantes, pratiquement sans structures.

Ces jeunes formations politiques entrées en course peuvent se satisfaire car quel que soit le résultat, il honore l’effort militant prodigué, bon pour le moral des troupes aux prochaines échéances.

Khaled Zahem

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