Après le camouflet populaire infligé à la classe politique lors du scrutin législatif, jeudi, l’heure est en ce moment aux spéculations sur ce qu’envisagerait Bouteflika, quant à la future composante gouvernementale, notamment. La logique voudrait que le Chef de l’Etat prenne acte du message de l’électorat, dont près de 65% se sont abstenus de voter, en revisitant de fond en comble l’Exécutif, dont les partis de l’Alliance ont été particulièrement affectés par la sanction du 17 mai.
Ainsi, peut-être à son corps défendant, mais nécessairement, le Chef de l’Etat accepterait la démission du chef du gouvernement, autant que celles de ses ministres sortants et leur substituerait un nouveau staff apte à réhabiliter sa démarche aux yeux de la société, dont le corps électoral en a désavoué la gestion par l’équipe gouvernementale sortante.
Au poste du chef de l’Exécutif, trois éventuels noms circulent parmi les observateurs, ceux de Lakhdar Brahimi, Tayeb Louh et Chérif Rahmani, comme probables successeurs de Belkhadem.
La composante ministérielle, elle, subirait un lifting d’autant plus profond, mais sans que l’on sache si la nouvelle équipe reconduirait les équilibres partisans actuels de l’Exécutif, avec une dominante FLN. Dans le cas où le Président aurait pour souci de rendre la composante du gouvernement conforme à la représentation parlementaire issue du scrutin du 17 mai, il devrait tenir compte, aussi bien de la remontée des RND, MSP, qui exprimeraient le désir légitime de bénéficier de plus de postes gouvernementaux, que des nouveaux venus à l’Assemblée populaire, le RCD, en l’occurrence.
Or, celui-ci, émet d’ores et déjà des réserves sur la question voire, carrément un niet, arguant principalement du fait selon lui, qu’il aurait été «spoliés» de sièges supplémentaires pour cause de fraude, dénonce-t-il.
S’agissant du PT de Louisa Hanoune, sa participation à un éventuel nouvel Exécutif, semble, encore une fois écarté, si l’on s’en tient à sa constante position à ce sujet, à savoir, qu’il ne siègerait pas aux côtés de formations, celles de l’Alliance, en l’occurrence, dont les orientations programmatiques divergent radicalement avec les siennes. Si Bouteflika se refusera à la suite du message du 17 Mai, de prendre les mêmes et recommencer, il lui faudra également, pour une parfaite fidélité à la volonté populaire, de répondre à son profond désir de changement, s’agissant, aussi bien de la pratique gouvernementale, que de l’approfondissement des réformes, dont celles à caractère politique et démocratique, notamment.
Or, pour peu que le Chef de l’Etat y consente, il ne pourrait s’y atteler sans veiller à se prémunir des résistances que lui vaudrait la reconduction d’une majorité islamo-conservatiste au gouvernement.
A ce sujet, l’on fait état, d’ores et déjà, de la possible perspective pour le Chef de l’Etat de se doter d’un noyau dur, de «technocrates» qui jouiraient de la distance nécessaire avec les partis, pour se mettre à l’abri des compromis handicapants dans l’exécution d’un programme de réformes, audacieux.
H.O