Ouyahia et Belkhadem étalent leurs divergences

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Lors d’un débat, organisé avant-hier soir à la Télévision nationale, le Chef du gouvernement, confronté à Ahmed Ouyahia, patron du RND et à Louisa Hanoune, chef du PT, pense toujours que le message envoyé par les électeurs le 17 mai dernier n’a rien de politique.

Tandis que le secrétaire général du RND, ayant lui-même exercé les fonctions de Premier ministre, ne veut pas laisser passer sous silence un message qu’il trouve « fort » et même grave, Belkhadem, lui, renvoie le taux d’abstention au seul fait de « cafouillage » résultant du nombre, élevé, de partis politiques ayant participé au scrutin. Le Premier ministre, qui semble apparemment s’inscrire dans la durée, avance que « le taux d’abstention élevé n’a rien de politique » et qu’il est de « tradition que les citoyens ne votent pas assez lors des élections législatives. » Pour autant, Abdelaziz Belkhadem, croit trouver des failles dans le système politique actuel. Il s’agit notamment, à ses yeux, de manque de canaux de communication qui font que « le message n’arrive pas suffisamment aux citoyens ». Et même lorsque Ahmed Ouyahia, apparemment confronté à une véritable réalité lors de ses multiples déplacements à l’intérieur du pays, met en avant les difficultés sociales, dues notamment à un taux de chômage qu’il trouve plus élevé que les chiffres officiels, qui eux, sont fantaisistes, le Premier ministre renvoie la défaillance au « manque de communication sur les véritables réalisations. » Comme tous les Algériens sont aveugles, Belkhadem veut toujours faire croire, et en direct à la télévision, que les citoyens ne connaissent pas « ce qui a été réalisé. »

Quant à Louisa Hanoune, elle brandit toujours, comme véritable explication à un taux d’abstention trop élevé, « les privatisations et la baisse du niveau du pouvoir d’achat. » Pire, la trotskiste croit dur comme fer que les Algériens sont « soucieux de la souveraineté de leur pays. » Et, comble du paradoxe, les Algériens, en refusant d’aller aux urnes, ne veulent pas « sanctionner le président de la République », mais « la politique prônée par son gouvernement. » Un gouvernement qu’elle refuse d’intégrer, puisqu’elle n’a « pas la majorité ». Le patron du RND semble, a contrario, remettre les pieds sur terre. Ayant animé plus de meetings, bien avant le début de la campagne officielle, Ahmed Ouyahia a certainement mesuré le fossé qui existe entre le discours officiel, souvent triomphaliste et la réalité du terrain. S’exprimant à demi-mot, l’ancien chef du gouvernement admet que le taux de chômage demeure « très élevé ». Plus qu’un simple constat, le secrétaire général du RND pense qu’il « faut réfléchir profondément » au message envoyé par les Algériens lors des législatives du 17 mai dernier. S’il reconnaît que le système électoral est défaillant, il sollicite aussi la classe politique pour « un débat profond » pour tenter de « trouver des remèdes » à cette crise.

Les trois invités de l’émission « Fi Es-sammim », se sont cependant, mis d’accord sur le principe de modifier, en profondeur, l’actuelle loi électorale. Ils souhaitent que cela soit fait avant les locales de septembre. Reste maintenant à savoir quel sera le mode de scrutin qui sera adopté.

A signaler que deux invités manquaient à ce rendez-vous, qui aurait pu se dérouler pendant la campagne électorale. Saïd Sadi du RCD et Boudjerra Soltani du MSP n’avaient pas répondu favorablement à l’invitation de la Télévision.

Ali B.

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