Un digne hommage à l’artiste engagé

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Lorsque vers 13 heures, nous avions atterri au mausolée du saint El Hadj Belkacem, oncle paternel de feu Brahim nous étions intrigués par le calme pesant qui y régnait. Hormis les quelques banderoles accrochées un peu n’importe comment, sur les murailles de la vétuste bâtisse, aucune apparence extérieure n’indique que ce haut lieu de la religion et de la tolérance va abriter les festivités commémoratives du 40e jour de la mort de Brahim Izri. Pour un visiteur non averti, l’évènement peut passer inaperçu. Seuls quelques véhicules immobilisés dans la cour de la zaoui pouvaient éveiller la curiosité des automobilistes empruntant la route vers Beni Yenni. Pourtant, l’évènement ne semblait en rien amoindri. Il puisait sa grandeur de son étonnante simplicité. Les murailles du mausolée tout comme les mines de pèlerins ne pouvaient plus trahir la profonde émotion qui les hante. Les pensées, toutes les pensées, étaient dédiées à cet artiste engagé qui a grandi en ces lieux, et qui a souhaité y être enterré.Da Chaâbane Izri, frère de Brahim, en compagnie d’un cousin à lui, nous accueille, dans la vieillissante demeure familiale qui jouxte le tombeau du défunt. Cet homme aimable et souriant, aux traits incroyablement semblables à ceux de Brahim, s’est mis, sans lui adresser le moindre questionnement, à satisfaire tout ce qui pouvait constituer une curiosité pour nous. “Ici, c’est le berceau de Brahim. Il y a appris l’humilité et la tolérance. C’est ici également qu’il s’est initié à la musique. Il jouait, dès sa tendre enfance à tous les instruments dont disposait notre zaouia…’’ disait-il et d’enchaîner : ’’Chez nous le rituel du 40ème jour est une fusion ancestrale entre le Coran et le patrimoine. Nous servons la waâda à tous nos invités et, dès le coucher du soleil, les récits du Coran et ’’Lakhwan’’ prennent le relais. Ces derniers viendront de tous les villages de la wilaya. Le rituel ne prendra fin qu’au petit matin…’’ nous explique, non sans un air de fierté, Da Châabane.A ce moment, les pèlerins (des familles entières pour la plupart) commençaient à affluer de partout. On est en fin d’après-midi, et les visiteurs savent que la cérémonie sera bientôt entamée. Des fans du disparu à ses amis en passant par ses proches et ces innombrables inconnus, tous voulaient rendre l’hommage qu’il fallait au neveu béni d’El Hadj Belkacem. Parmi la foule on distinguait, très difficilement toutefois, certains élus de la municipalité d’Ath Yenni, se démener à gauche et à droite pour pallier à toute défaillance organisationnelle. Discrets mais près actifs, les élus des Ath Yenni ont fourni à la famille Izri toute la logistique nécessaire pour réussir l’événement. Leur apport était, de l’aveu même des frères de Brahim, plus que considérable. Hier, vendredi, la commémoration à pris une tournure beaucoup plus officielle. Plusieurs personnalités et délégations ont pris part au traditionnel cérémonial du dépôt de gerbes de fleurs. Le P/APC de Béni Yenni, M. Rabah Tabèche, et la délégation de la CADC, menée par Belaïd Abrika étaient les premiers sur les lieux. Entre-temps, les pèlerins continuaient à affluer vers le mausolée, et ce, durant toute la journée du vendredi.

Ahmed B.

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