LDK : Brahim Hemdani à Boudjelil, c’est devenu une tradition pour toi chaque été. Pour un finaliste de coupe d’Europe…
B. H : Il n’y a rien d’extraordinaire dans l’affaire, je suis Kabyle, de Boudjelil, et j’en suis fier. Je ne le cache jamais. En Ecosse, il m’arrive d’ailleurs de me rendre à l’entraînement avec un CD de Matoub. Demandez à n’importe qui dans ma famille quel est mon plat préféré et on vous dira le couscous, même si j’avoue que ce n’est pas trop recommandé pour un sportif de haut niveau. Je vous fais une confidence, en ce moment, je devrais être avec mon club aux USA, c’était prévu qu’on aille là-bas dans un cadre de partenariat avec le club de Los Angeles Galaxie, le nouveau club de David Beckam, pour un petit stage de fin de saison d’une semaine. C’est pour concrétiser un rapprochement initié entre ce club américain et Glasgow. Mais moi, je me suis retrouvé à Boudjelil…
Vous semblez quelqu’un de très attaché à la famille ?
Ah oui ! Je le suis trop, même. En fait, je suis quelqu’un qui ne s’est jamais détaché de ses racines. Tamurth, Tadarth, la famille, toute cette ambiance de mon enfance, le décor de ma terre natale avec les figues, les figues sèches, même l’odeur est particulière ici, et ça me ressource. Je n’ai jamais perdu de vue d’où je viens, là où je suis. Les racines comptent beaucoup pour moi.
Si on commençait par une rétrospective dans le temps et revenir jusqu’à ce départ quelque peu forcé de l’OM…
Eh bien après la finale de la Coupe d’Europe contre Valence en 2004, il me restait un an de contrat à honorer avec l’OM. Donc à ce moment là, il fallait soit prolonger le contrat, soit partir. La direction du club m’avait alors fait une proposition de prolongation de trois ou quatre ans. Mais les détails de cette proposition ne paraissaient pas honnêtes à l’époque, à partir de là, j’ai refusé, et j’ai choisi de partir.
Avec le recul, ne pensez-vous pas que votre départ était inévitable avec les relations, qu’on disait, pas vraiment au top entre vous et certains responsables de l’équipe ?
Non tout de même pas à ce point, même s’il est vrai qu’il y a eu heurts et divergences d’opinion.
Ce différend vous opposait à Anigo ?
Pas particulièrement, je dirais que les divergences étaient avec l’ensemble de la direction qui m’avait fait la proposition. Au risque de me répéter, je ne l’ai pas trouvé honnête et à partir de là, je ne trouvais pas l’intérêt de continuer à m’investir dans le club alors que les responsables ne me proposaient pas quelque chose qui serait en rapport avec ce que moi, je pouvais leur donner.
Vous l’avez pris alors comme invitation à partir ?
Voilà, exactement.
Avant de dire oui à Glasgow, avez-vous dû faire un choix ou ce fut l’unique proposition reçue ?
J’en ai eu d’autres bien sûr, mais disons que celle qui me venait d’Ecosse était la plus intéressante de toutes.
N’avez-vous pas pensé que ça serait quelque peu risqué pour votre carrière d’aller jouer dans un championnat peu médiatisé ?
Mais j’ai atterri dans un grand club. Car il faut savoir que Glasgow Ranger’s fait partie des vingt plus grands clubs d’Europe, donc je ne suis pas parti non plus n’importe où. Et puis il y a cette opportunité d’être dans une équipe qui joue pratiquement chaque année en Ligue des champions, donc sportivement c’était le meilleur choix que je puisse faire à ce moment-là.
Satisfait de votre nouvelle expérience écossaise ?
Oui ! On vient de finir la saison, on a terminé deuxième au classement derrière le Celtic, et on est qualifié pour la Ligue des champions.
Sur le plan personnel, vous avez été également élu meilleur joueur. Vous vous attendiez à cette distinction ?
Franchement non, le plus important était de jouer, cumuler des matches et assurer la continuité avec de bons résultats. Puis il y a eu cette distinction comme une cerise sur le gâteau. Mais ce n’est pas là une chose qu’on recherche automatiquement.
Ça vous rajoute quelque chose au plan moral ?
ça ne me fait pas vraiment une grande différence. Je le prends avec une certaine fierté bien sûr, mais ça ne me change pas de ce que je fais et ce que j’aimerai faire dans les prochaines années.
A voir le parcours réalisé avec votre nouvelle équipe, considérez-vous que vous avez réalisé la revanche que vous voulez ?
Oui je le pense puisque maintenant ça fait deux ans que tout se passe très bien pour moi en Ecosse. Et je ne regrette rien.
Vous n’avez pas rencontré de problèmes d’adaptation ?
Si quand même, durant les trois, quatre premiers mois, c’était difficile pour moi. J’ai dû surmonter un changement de culture, de climat, de langue, on est livré complètement à soi, surtout que pour moi c’était la première fois que je partais à l’étranger, donc c’était un peu l’inconnu. Mais petit à petit cela a mieux marché et je considère qu’aujourd’hui je suis arrivé à quelque chose d’intéressant.
Vous jouez à votre poste de prédilection à Glasgow ?
ça dépend, car j’ai eu trois entraîneurs en deux ans. En fonction des coachs j’ai dû jouer derrière comme je l’ai fait à Marseille mais j’ai également joué au milieu.
Cette saison vous avez joué à quel poste ?
C’est en milieu de terrain, là je suis revenu à un poste où je me suis stabilisé et ou cela se passe très bien.
Pas de soucis avec l’entraîneur, le staff technique dans son ensemble ?
Non aucun, il y a vraiment de bons rapports entre nous. C’est des anciens joueurs du club. L’entraîneur aussi, je crois qu’il a gagné neuf titres de champions avec l’équipe, donc en fait c’est un retour pour lui. Il s’agit de Walter Smith, il a été l’entraîneur de l’équipe nationale d’Ecosse avant de nous rejoindre aux Glasgow Ranger’s. C’est quelqu’un de très connu et de très respecté là-bas.
Vous l’avez dit précédemment, Glasgow sera en Ligue des champions à venir, c’est un challenge qui t’incite à rester dans ce club ?
Pour le moment oui, l’opportunité de jouer cette prestigieuse compétition, ce n’est pas tous les clubs qui l’offrent maintenant comme je le dis à chaque fois, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. Si quelque chose qui ne se refuse pas se présentait, il se pourrait qu’il y ait un changement mais ce n’est pas le cas pour le moment.
Avez-vous néanmoins des contacts avec d’autres clubs ?
Pour le moment, comme je l’ai dis, non. En quand je suis parti d’Ecosse, il y a de cela quelques jours, je ne suis resté à Paris qu’une seule nuit avant de venir ici en Kabylie avec ma mère le lendemain. J’ai en plus coupé le téléphone donc pas moyen de me contacter…
Est-ce là le comportement de quelqu’un qui a déjà tranché dans sa tête sa décision de rester à Glasgow ou peut-être celui qui aurait déjà conclu son départ ?
Ni l’un, ni l’autre. Car je suis là pour me reposer et je rentre en France ce mardi pour réfléchir à ça.
Y-aurait-il un championnat qui vous passionne plus et dans lequel vous aimeriez jouer ?
Il y a des championnats plus relevés que d’autres qui attirent chaque joueur mais moi je penche plus pour l’Espagne.
On ne vous a jamais sollicité ?
Si, j’ai eu l’opportunité de jouer au Bétis de Séville qui est entraîné par Luis Fernandez actuellement, et je ne l’ai pas saisie.
ça vous tenterait de jouer là-bas au jour d’aujourd’hui ?
Là-bas ou ailleurs.
Venons-en au football algérien. Vous y êtes continuellement connecté ?
Oui, j’ai des informations régulières mais je ne saisis pas vraiment son fonctionnement. Alors je me contente de suivre les résultats.
Au-delà des chiffres, votre probable sélection en équipe nationale a été évoquée, à rebondissements, par le passé sans se concrétiser jusque-là. Beaucoup de choses dont vous avez eu échos sans doute ont été dites à votre sujet. Quel commentaire en faites-vous ?
Comme je l’ai dis, j’aimerais rencontrer l’entraîneur déjà et puis on prendra une décision après.
Il semblerait que vous avez peu de chance d’avoir cette opportunité puisque il parait qu’au niveau de la Fédération, on vous reprocherait votre hésitation à dire oui au moment où on vous a approché…
J’y vois là une façon bizarre de voir les choses. Quand je dis que je veux voir un entraîneur, je ne constitue pas une exception, c’est toutes les équipes nationales qui fonctionnent de la même manière. En équipe de France, Domenech, avant de prendre un joueur va le voir, il va à Londre, à Madrid, un peu partout et il discute avec les joueurs ensuite seulement ils prennent des décisions. Ici, c’est tout et son contraire qui est dit alors que les principaux intéressés, ne se sont même pas rencontrés et exprimés.
Mais vous avez déjà eu des contacts avec des responsables de la Fédération algérienne…
Oui, ça c’est clair et net, j’ai eu deux touches.
Justement pour mettre un terme à la rumeur voulez vous bien nommer vos interlocuteurs et peut on savoir ce qui s’est dit entre vous ? Il y a tellement de rumeurs et les Algériens veulent connaître votre version ?
Me concernant, j’ai dit ce que j’avais à dire, j’aimerai rencontrer l’entraîneur de l’équipe nationale en vue d’une éventuelle possibilité de venir.
Est-ce une avancée dans votre position car les rumeurs vous ont toujours accablé. A défaut d’une communication saine, on a toujours laissé entendre que Hemdani a refusé de venir en sélection…
Non pas du tout. Moi je sais ce qui a été dit avec les deux personnes rencontrées. La première c’était Ali Fergani, l’ancien sélectionneur qui est venu me voir à Marseille en 2005 si je ne me trompe pas sur la date. On a un peu parlé sur la manière avec laquelle fonctionnait l’équipe sous sa direction, ce qu’il voulait en faire mais malheureusement je crois à peine un mois ou deux mois après cette conversation, il n’était plus en poste.
On vous prête aussi un contact direct avec l’ex-président de la FAF, M. Raouraoua…
Effectivement, c’est la deuxième personne avec laquelle j’ai discuté alors qu’il était président.
C’était avant ou après Fergani ?
Non c’était bien avant Fergani. C’était à l’époque où j’étais encore à Marseille. Raouraoua m’a paru quelqu’un de très charmant, très intéressant, d’ailleurs tout s’est très bien passé mais il est parti lui aussi peu de temps après.
A entendre l’actuel président de la FAF, M. Hadadj qui s’est exprimé à votre sujet dernièrement sur la Radio, à demi-mot, ses propos suggéraient la décision tranchée de ne plus vous lancer d’invitation en prétextant que la sélection est dans sa dernière ligne droite en route pour ses objectifs…
Dans ce cas-là, je considère que c’est une décision qui leur appartient puisque moi je dis et je le répète que j’aimerais rencontrer, si possible, l’entraîneur national actuel.
Lorsque vous entendez dire que Hemdani temporise toujours en attendant une éventuelle sélection en l’équipe de France vous répondez quoi ?
Connerie !…
Entretien réalisé Par Djaffar Chilab
