Ullac-it yella

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Onze années déjà, depuis sa disparition, et Haroun Mohamed dit Massin U Harun, n’a pas encore disparu de l’esprit des gens ni de la mémoire collective kabyle. Pour chaque occasion où l’on évoque les militants du combat identitaire, U Harun y est cité et sans crainte. L’affaire dite des  » Poseurs de bombes  » a délié des tas de langues et fait couler beaucoup d’encre. Pour certains, Haroun Mohamed, Cheradi Hocine, Kaci Lounès, Medjber Mohamed ou Smaïl… étaient des malfrats nuisibles, pour d’autres ils étaient un modèle de bravoure, d’engagement pour la liberté. Dans une lettre publiée dans le journal de l’armée El-Djeich, l’auteur évoque avec euphémisme cette affaire. Il l’assimile à des actions de sabotage.  » Nos services de sécurité viennent de réussir un très beau coup de filet en procédant à l’arrestation de la bande de saboteurs qui ont osé venir dans notre capitale pour tenter de détruire, d’assassiner et de créer l’agitation dans notre pays « . Le triste auteur de cette lettre parle de bande de saboteurs qui ont osé venir dans (leur) capitale. Pour Haroun qui est fils de chahid la réponse est simple.

Après avoir rendu un vibrant hommage aux services de sécurité qui ont, selon lui, réussi un bon coup, ils se pose la question de savoir qui sont ces gens ? Plus loin, il répond à ses propres interrogations et dit :  » Ils ont beau changé de nom, de nationalité, de sigle, ils sont connus O.A.S., S.O.A., Ignacio ou Haroun, Ces assassins, ces aventuriers sont en vérité armés, entraînés, financés par les services secrets des gouvernements capitalistes et impérialistes qui veulent retarder le développement de notre pays et le devenir de la voie socialiste « . Un discours connu de tous et une morale “immorale” qui a longtemps sévi dans notre pays.

Haroun et ses camarades ont été écroués dans les sinistres geôles de Tazoult-Lambèse, la lettre de Arezki Aït Larbi au ministre de la Justice de l’époque résume bien les conditions de détention des prisonniers d’opinion. Aït Larbi est actuellement en conflit de justice avec M.Salat, responsable au ministère de la Justice toujours pour la même période. A ce propos on peut cité le cas de Haroun qui avait préféré ne pas recevoir des visites familiales, plutôt que de se soumettre à la loi scélérate de l’administration du sinistre pénitencier de Lambèse qui leur dénier le droit de parler dans la langue berbère avec ses visiteurs. Signalons toutefois que la mère de Haroun, ancienne maquisarde et veuve d’un officier de l’Armée de libération nationale ( ALN), mourut dans un accident de la route en rendant visite à son fils.

Dans les différents témoignages sur Haroun, on évoque toujours son ce intelligent. Haroun fût un militant actif au sein de l’Académie berbère ou Agraw Imazighen. L’Académie était une institution ouvertement opposée au pouvoir de l’époque, et pour cause ! Elle avait joué un rôle de premier plan dans l’éveil des consciences de notre génération au combat identitaire amazigh, témoignent ses militants.

Les militants berbériste arrêtés en décembre 1985 dans l’affaire de la Ligue algérienne des droits de l’Homme. Muhand U Harun était en isolement depuis très longtemps. Arezki Aït Larbi et Ferhat Mehenni avaient demandé au directeur de la prison, si la décision de cetisolement était une manière de continuer à lui faire payer son acte, qui datait de plus de dix ans, ou s’il était motivé par d’autres considérations. Le responsable en question avait évoqué des problèmes de santé à l’origine de cette quarantaine qui date de plusieurs années déjà.

Un des militants lui fit remarquer que la place des malades était à l’infirmerie et non dans les quartiers d’isolement.

C’est ainsi qu’il fut ramené le jour même en salle de soins et que ses amis auront le bonheur de lui rendre une courte visite qui n’avait pas duré plus de cinq minutes. Sachons honorer sa mémoire et graver, dans notre Histoire, son nom, en lettres de lumière et de poussières d’étoiles, en lettres d’éternité. Repose en paix frère de combat.

Mohamed Mouloudj

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