Devant la misère qui prend de l’ampleur chaque jour, des citoyens d’Ait-Frah et ceux des villages limitrophes à l’Oued/Takhoukht, fuyant le chômage, s’accrochent comme ils peuvent à la vie dans une région livrée à la providence. Tenant leurs outils, lesquels demeurent à leurs yeux le seul moyen de subsistance pour des centaines de foyers, des jeunes, des pères de familles arrivent très tôt le matin tenant qui une pelle qui un tamis de fortune et quelques provisions pour tenir le coup durant la journée. Tamiser du sable est le seul moyen pour ces villageois de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Questionnés lors de notre halte, de passage aux Ouacifs, Karim et ses acolytes tous originaires du village Ait-Frah, ne cachent pas leur tristesse quant à la situation sociale désastreuse qui prévaut dans la région qu’ils qualifient “d’explosive” la majorité des familles n’ont aucun revenu. “C’est grâce à cet oued que je fais vivre ma famille” nous dit l’un d’entre eux et qui ajoute “de toute façon, nous vivons dans une époque où personne ne se soucie de l’autre. Débrouille-toi pour vivre !” Pour d’autres, pas de débats politiques, l’essentiel est que cette rivière continue d’être généreuse, pour peu, que les autorités ne les chassent pas de cet endroit. “Cet oued nous accueille tous les matins à bras ouverts, sans correspondance, ni demande d’audience ou de rendez-vous. Qu’ils nous laissent gagner notre vie honnêtement en paix. Ce n’est pas avec une pelle qu’on risque de faire disparaître la nappe phréatique”, doutiennent ces jeunes. Sans aucun centime en poche, cette rivière leur procure la pitance sans laquelle, affirment-ils, beaucoup d’entre eux auraient succombé sans aucun doute à recourir à la manche, dans une conjoncture où le mot “pitié” n’est pas vraiment partagé. Pour ces infortunés vivant de leurs muscles. Ce don du ciel signifie la vie : “Que Dieu nous le garde !” conclut un jeune père de famille. Amen !
S. K. S.
