Après la double entorse à la Constitution par le report de l’investiture de la nouvelle Assemblée populaire, ensuite le délai accordé pour la démission du gouvernement qui aurait dû suivre la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, nous voilà conviés à une curiosité politico-institutionnelle : la nomination d’intérimaires en remplacement des ministres élus à la députation…chargés d’expédier les affaires courantes. Ainsi, 19 départements dont la majorité étaient gérés par des ministres FLN, sont confiés, par intérim, à des ministres en poste.
A ce stade de la temporisation, décidée à l’évidence par le Chef de l’Etat qui a reçu le Chef du gouvernement sortant, il est plus que certain désormais, que le président de la République envisagerait quelques sérieux liftings de l’Exécutif à la suite du message populaire délivré le 17 mai dernier.
Sinon qu’est-ce qui l’aurait empêché de reconduire officiellement le Chef du gouvernement sortant, qui s’attellerait par la suite à mener les consultations en vue de constituer un nouveau gouvernement. La situation était déjà chargée de suspense et de flou au lendemain de la proclamation des résultats des législatives, moment, où le Chef du Gouvernement devait légalement remettre sa démission, et non pas un peu plus de 10 jours après. L’argument de Belkhadem, selon lequel la disposition 113 de la Constitution, dicterait que la démission peut intervenir après que le Conseil constitutionnel eut statué définitivement sur les recours introduits par les partis, ne semble pas avoir convaincu les observateurs.
C’était, donc déjà là un indice au mieux des tractations au sommet sur l’après-17 mai, au pire, une espèce d’impasse qu’aurait généré le désaveu populaire à l’encontre non pas seulement de l’institution parlementaire, mais aussi de la pratique politique en général.
Le chef de l’Etat semble donc se donner le temps nécessaire pour s’atteler à la tâche ardue de conférer au nouvel exécutif le profil adéquat au désir populaire de changement, avec ce souci néanmoins de ne pas « léser » les partis de la coalition en leur qualité de forces majoritaires, tout de même, à l’APN.
Savant dosage en perspective qui caractériserait le nouvel exécutif dans la mesure où d’une part, il s’agira pour le Chef de l’Etat de satisfaire aux attentes « légitimes » des partis de l’Alliance et d’autre part de redonner de la crédibilité aux dossiers-phares de son programme, qui selon le verdict des urnes auraient fait l’objet d’une piètre gestion de l’équipe gouvernementale sortante.
Par ailleurs Bouteflika, serait d’autant plus à même de revisiter en profondeur le gouvernement, qu’il jouit toujours de la sympathie populaire au vu notamment, de l’engouement relevé lors de ses dernières sorties sur le terrain.
Reste à savoir quand il interviendra pour la nomination du nouvel exécutif proprement dit. Selon toute vraisemblance, elle aurait lieu dans deux ou trois jours, soit après la visite de son homologue hongrois, a moins que ce ne soit après son retour d’Allemagne où il est invité par le G8, un rendez-vous, prévu du 6 au 8 juin.
H.O.