Le trio et le diable

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Les résultats des législatives a mis à nu la fragilité de l’Alliance présidentielle qui ne tient qu’à un fil. Un fil, au demeurant ténu et qui très souvent a failli casser. Ce constat s’est davantage confirmé lors de la compagne électorale, où chaque allié a tenté de ratisser large auprès de l’autre. Ces attaques entres les coalisés ne sont sûrement pas un fait ordinaire. Belkhadem qui accuse Ouyahia de freiner l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, ce dernier qui accuse le premier de vouloir récupérer l’activité de l’exécutif ou un Soltani qui a carrément tiré sur les deux autres ou passé un savon à ses partenaires. Car pour lui, le FLN et le RND sont des appareils auxquels le système fait appel à chaque fois qu’il en a besoin. Un système basé sur la rente, hermétique et réticent au changement. En effet, qu’est ce qui peut lier un éradicateur, à un nationaliste barbu, à un islamiste si ce n’est le programme dont l’inspirateur est le président de la République ? Les chemins de ce magma hybride qu’est l’alliance auraient été complètement différents si ce n’est ce programme quinquennal du Président. Un partage de la rente oblige ce bloc  » monolithique « , que rien, à vrai dire, ne réunit idéologiquement et encore moins politiquement, à s’accrocher au fil coûte que coûte. Bon nombre de questions départagent ce trio. Des questions fondamentales pour l’avenir du pays. La révision de la constitution, l’augmentation des salaires, et la toute dernière élection avec la fameuse lettre du coordinateur de la CNPSEL, M. Bouchair, qui a remis au goût du jour le différend qui oppose les partis de la troïka. Le RND et le MSP qui ont signé la lettre adressée au président de la république, montrent clairement la responsabilité du FLN plus particulièrement Belkhadem dans ce qui est induit comme dépassements, voire comme fraude généralisée, selon les appréciations.

Si bien que des questions font consensus entre eux, cela ne fait que maintenir un semblantde cohésion, des questions d’intérêt commun bien évidemment. A commencer par l’amendement de loi électorale, qui sera le premier texte qu’auront à débattre les frais élus de la chambre basse. D’ailleurs cette démarche n’est plus un secret et le triumvirat n’a eu de cesse de la réclamer depuis la proclamation des résultats des élections des législatives. La déroute de l’Alliance présidentielle lui permet ainsi de trouver un second souffle pour terminer ce travail harassant depuis pratiquement trois années fait de faux- semblants et de divergences. Quant à la révision de la Constitution, dont les dessous sont un secret de Polichinelle, à savoir la prochaine présidentielle mais aussi la cruciale question des régimes présidentiel et parlementaire qui, soit sonnera le glas pour ces trois partis, soit perpétuera leur hégémonie. Tout dépendra de la tournure que prendra cette révision constitutionnelle dont les enjeux dépassent les analyses que feront les citoyens lambda…Ces enjeux d’un troisième mandat permettraient aux partis du FLN, RND et MSP de se maintenir au pouvoir. Toujours est-il que l’urgence réside dans la poursuite des objectifs tracés virtuellement dont le plus crucial concerne d’abord l’unité contre l’adversité. Car si cette alliance semble battre de l’aile après la proclamation des résultats, cela aura peut-être valu à ce trio de former l’expectative vers une hégémonie quasi certaine de la vie politique et se mettre au diapason où les petits partis seront les bienvenus si ceux-ci conforteront les objectifs déjà établis. Il faut s’attendre à ce que la décantation livre un schéma plus franc dans lequel le pluralisme sera réduit à sa plus simple expression. Et ces dernières élections leur ont montré le chemin. Celui de s’allier même avec le diable pourvu qu’ils restent.

Yassine Mohellebi

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