Témoignages

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Rabah Balaouane (Troupe Debza)l On savait qu’il y avait déjà de la provocation dans l’air, parce que le 19 mai 1981 n’est pas venu ex-nihilo. C’était la résultante de plusieurs évènements qui ont commencé avec le congrès national de la jeunesse en 1975. Les collectifs d’étudiants qui se sont constitués un peu partout dérangeaient au point où la police était sur le qui-vive la veille de la Journée de l’étudiant. En plus de l’activité culturelle, ces mouvements avaient instauré un véritable débat au sein de l’université. La volonté était d’abord d’extraire l’université des mains du parti unique. Ensuite, les évènements d’avril 1980 ont inspiré les étudiants vers un débat politique autour des libertés démocratiques et des droits de l’homme.Nous avions, bien entendu, les moyens d’être violents mais nous avions choisi de mener des actions pacifiques. Je dirais également qu’il y avait des mouvements sociaux qui ont marché avec les agresseurs alors que leur place était parmi nous. Il ne s’agit pas pour moi de faire le procès de quiconque, mais ces contradictions ont permis l’émergence du FIS qui n’a fait, en réalité, que prendre le relais. De toute manière, je crois qu’il faut laisser aux historiens de faire un travail de mémoire.

Morad Belouechrani (Troupe Debza)l En plus de la portée historique de la date qui renvoie à la Journée de l’étudiant, le 19 mai 1981 était une occasion à nous, membres du collectif culturel, de célébrer le premier anniversaire du Printemps berbère. Il s’agissait notamment d’organiser des activités culturelles pour célébrer le double évènement. A l’intérieur de la faculté, tout était normal. Des responsables de l’établissement ont même assisté aux activités. Ce n’est qu’une fois hors du campus que nous avions été accueillis par des hommes munis d’armes blanches. La plupart n’étaient même pas de la famille universitaire. Il y avait 18 blessés. C’était aussi la première fois que la police avait violé la franchise universitaire. Les policiers étaient arrivés jusqu’à l’amphithéâtre Benbatouche. Des éléments du groupe Debza étaient également arrêtés.

Propos recueillis par Ali B.

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