Une question qui reste aux yeux des participants mal appréhendée et mal cernée. En plus de la problématique liée aux rapports entre université et société civile, les participants ont axé leurs interventions sur les différentes politiques sociales adoptées jusque-là par l’Algérie et la France.
Sur ce chapitre, il y a lieu de signaler que les champs d’intervention restent diamétralement opposés entre les expériences des uns et des autres. En France, les champs d’intervention sont multiformes de par le professionnalisme qui caractérise la politique sociale menée généralement par des équipes pluridisciplinaires dans un cadre structuré et structurant. Autrement dit, les stratégies d’intervention reposent sur l’écoute, l’observation, l’information, le conseil, l’orientation, la formation, la médiation et la réparation.
En Algérie, d’énormes difficultés sont enregistrées dans la gestion de la question sociale. D’après les participants, le monopole et la concentration des pouvoirs entre les mains de l’Etat a laissé le champ d’intervention sociale réduit à la seule politique d’assistanat.
L’exclusion des autres parties censées pourtant apporter des contributions dans le but de redynamiser l’intervention sociale a rendu l’action de l’Etat “inefficace”, pour reprendre le mot de l’un des participants. Sur la même longueur d’onde, d’autres intervenants ont étalé les différentes politiques successives de l’Etat (1965, 1980, 1992, 1998) ainsi que les avancées palpables enregistrées, tant sur le plan du taux de mortalité infantile qui est passé de 150 en 1966 à 30 cas pour 1 000 en 2000, le taux d’espérance-vie passé de 47,5 à 70 ans, l’éradication du paludisme, du trachome et des maladies carentielles. Mais il y a un investissement autrement plus important à entrevoir à travers la densification et l’optimisation de l’intervention sociale. Celle-ci peut même être un vecteur de solution à la question du chômage vécue de façon lancinante tant en Algérie qu’en France. Dans ce dernier pays, les emplois associatifs sont évalués à quelque 1 300 000 postes, selon Antoine Lazarus, professeur de santé publique.
Etant un acteur incontournable sur la scène d’intervention sociale, le praticien de la santé publique est constamment confronté à des cas d’assistance provenant de sphères de besoins divers. En interaction avec d’autres institutions, notamment les mouvements associatifs, il reste un médiateur dans l’action qui vise à contenir toute forme de tensions ou de besoins. L’orateur a dégagé un constat d’incompréhension du fait que les “praticiens ne soient pas associés dans l’action sociale à juste valeur dans les pays où les crises sociales sont aiguës”.
Hormis le rôle qui doit être assigné aux praticiens de la santé publique, le mouvement associatif en Algérie souffre d’une léthargie chronique du fait que l’exclusion est régie en mode de gestion.
Ce qui induit que les populations fragilisées demeurent des assistés, dressés à mendier et à attendre les subsides de l’Etat.
Dalil Saïche