Les dessous d’une action

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L’action initiée par la coordination intersyndicale qui regroupe le Syndicat algérien des para- médicaux (SAP) et le syndicat autonome des travailleurs (SAT), n’a pas réussi à drainer un grand nombre d’hospitaliers. Ils étaient à peine une soixantaine à marquer l’action alors que l’institution hospitalière emploie près de 850 paramédicaux et presque autant de travailleurs.

Les protestataires ont établi une plate-forme de revendications de 13 points, sous l’égide de la Coordination syndicale SAT-SAP. Il s’agit entre autres de revendiquer la représentativité syndicale qu’elle estime avoir perdu, l’amélioration des espaces infirmiers et conditions de travail, entre autres l’aménagement des vestiaires du personnel, l’application de l’indemnité professionnelle (IPAP) conformément aux textes régissant cette indemnité.

Si les protestataires persistent dans leur « droit» à réclamer l’aboutissement de leurs revendications, l’administration juge que la quasi-totalité de ces points est satisfaite sans qu’il y ait lieu d’avoir recours à une action de protestation. Selon la directrice des ressources humaines du CHU, Mme Mouri, hormis deux points méritant discussions entre les deux parties, les autres revendications n’ont même pas lieu d’être. Elle explique que concernant le paiement des primes de rendement, tel que revendiqué par les syndicats, est illégal. Il s’agit d’une indemnité applicable, soit trimestriellement soit semestriellement selon le décret n°03-336 du 15 octobre 2003 et qui doit être servie dans les mêmes conditions que la prime de rendement prévue par le décret exécutif n° 90-194 du 23 juin 1990. Mme Mouri nous révèle que le directeur général du CHU s’est évertué auprès du trésorier en vu d’obtenir une dérogation pouvant permettre le versement de ces indemnités mensuellement, mais sans succès. Elle nous explique également que concernant l’application de l’IPAP, celle-ci est soumise au décret présidentiel n° 02-337 du 16 octobre 2002, dans son article premier. Celui-ci prévoit en effet, qu’ « il est institué, dans la limite de 15% de la masse salariale, une indemnité de performance et d’amélioration des prestations au profit des travailleurs relevant du secteur de la santé », contrairement, note la DRH à ce que revendiquent les deux syndicats qui veulent qu’elle soit appliquée en comptabilisant les 15% sur la masse des paramédicaux seulement

Ce sont justement ces anomalies dans les revendications des deux syndicats qui ont fait que la majorité des travailleurs du CHU se démarquent de cette action.

Dans une déclaration, des hospitaliers rencontrés sur place,ces derniers estiment que « les deux syndicats qui ont conjugué leurs efforts pour former une coordination de protestation n’ont pas réussi à drainer derrière eux. Le brouhaha dans lequel se sont engouffrés les deux syndicats, est fait pour détourner l’attention sur ce qui se passe dans les comptes des œuvres sociales gérés très longtemps par ces mêmes personnes », ajoute-t-on. Selon des sources proches de cette affaire, une commission ministérielle a été constituée pour enquêter sur la gestion des œuvres sociales où des anomalies de gestion ont été maintes fois relevées. Une institution judiciaire est également enclenchée sur la même affaire, apprend-on, par ailleurs.

Notre source nous rappele que l’épouse du meneur de ces actions, fonctionnaire au CHU, a été déjà traduite devant le conseil de discipline pour malversation de salaire. En effet, cette dame, qui était hier aux premières loges de la protestation lors du sit-in, avait été au centre d’un scandale, dont la Dépêche de Kabylie avait fait l’écho en 2005, cette dame percevait un salaire pendant deux ans sans être en poste. Une somme de 300 000 dinars a été d’ailleurs remboursée par son mari au trésor du CHU, le mois dernier, avoue-t-on. Un remboursement effectué cash, selon notre source, certains hospitaliers soupçonnent le directeur d’avoir puisé cet argent des caisses des œuvres sociales. Une information que nous prenons, bien sûr, avec des pincettes.

Le parquet de Tizi-Ouzou a ouvert une instruction judiciaire contre cette dame pour concussion, a-t-on fait savoir.

Ces mêmes hospitaliers qui s’en prennent violemment au meneur de cette action de protestation qu’ils accusent de vouloir déstabiliser le directeur général du CHU lequel leur a coupé tout accès aux malversations. « Que reprochent ces personnes au directeur général qui gère l’hôpital bien au-delà de ses capacités physiques ? », s’interrogent nos interlocuteurs. Ils estiment que depuis la réinstallation du Dr Mansouri à la tête du CHU, des progrès considérables ont été réalisés et les malades ont cessé de se plaindre. Ainsi, le bras de fer engagé par les deux syndicats n’a pas l’air de connaître un épilogue. Lors de la levée du sit-in, le meneur de l’action, M. Krirech, a promis de récidiver, il dira face aux dizaines de protestataires qui ont résisté jusqu’à 11h “rien n’entamera notre action»,

M.A.T.

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