Jeux d’influences sur l’Algérie

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Notamment l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française ayant au bonheur des USA, remis en cause la vision chiraquienne du partenariat algéro-français. Le projet du traité d’amitié cher à l’ex-Président français et à Bouteflika ne pouvant pas survivre au nouveau chef d’Etat de l’Hexagone, celui-ci, semble péniblement en train de tenter d’y trouver quelque alternative à même de préserver un partenariat aussi privilégié, quoi qu’on en dise, que celui d’avec l’Algérie. Un souci, d’autant plus visible que l’Etat algérien mené par Bouteflika, a tout l’air de s’adapter merveilleusement à la donne en termes de relations internationales, issue du triomphe de la mondialisation. Ainsi en est-il de cette espèce d’atlantisme qui caractérise le pouvoir politique algérien avec surtout l’avènement de Bouteflika à la présidence de la République, donnant matière au Président français de multiplier ses gages de bonne volonté à l’endroit d’Alger.

Au Traité d’amitié mis entre parenthèses, Sarkozy propose en contrepartie un «partenariat ambitieux» dont les premières offres concrètes ont tôt fait de suivre, suggérées par l’ambassadeur français en Algérie, Bernard Bajolet. Le représentant de la France en Algérie, n’a en fait, rien proposé de moins que faire un geste s’agissant de la question sensible de l’octroi des visas aux Algériens prévus pour être revues à la hausse concernant leur nombre et, à la baisse s’agissant des délais de délivrance. Des sollicitudes qui pour autant, ne semblent pas à même de freiner l’élan des USA vers la destination Algérie. Presque simultanément à cette disponibilité de l’Elysée à l’égard de l’Algérie, Alger et Washington scellent un partenariat sur la coopération dans le domaine du nucléaire civil. Une longueur d’avance, pour le moins significative en la matière au profit des USA, par rapport à la France dont le Président Sarkozy, avait en pleine campagne présidentielle émis sa proposition d’offrir l’expertise française dans le domaine du nucléaire en contrepartie d’un partenariat sur le gaz algérien. Résultat : c’est en invités de second ordre que des experts français après ceux des USA, qui s’apprêtent cette semaine à venir en Algérie pour le même objectif d’un partenariat sur le nucléaire.

De façon plus prononcée, les convoitises US vis-à-vis du continent africain, en général, avec pour tête de pont le pays pivot que constitue l’Algérie apparaît clairement avec la visite depuis hier d’une délégation du Pentagone à Alger pour y négocier le projet de la mise en place d’un Commandement américain en Afrique (Africom), avec pour but officiel, la coopération sécuritaire. Des velléités d’influence régionale US sur une partie du monde traditionnellement et historiquement acquise à la France. D’où, sans doute la perspective de Sarkozy d’initier une «Union méditerranéenne» dans l’espoir de contrebalancer l’influence d’une Amérique de plus en plus entreprenante sur ce terrain. Néanmoins, les projets américains de prendre pied en Afrique via l’argument sécuritaire, aurait quelques difficultés à se concrétiser, l’Algérie n’étant pas disposé à transiger sur la question de sa souveraineté si cela devait passer par une implantation de bases militaires US sur son territoire.

Côté français, le projet d’une «Union Méditerranéenne», aurait à son tour des difficultés à prendre forme, d’une part, au regard des divergences de vues de la France de Sarkozy avec l’Algérie de Bouteflika, et d’autre part, la sérieuse brouille qui oppose l’Espagne à son partenaire algérien autour de la question stratégique de la coopération gazière entre les deux pays. Il reste donc à savoir dans quelle mesure les unes où les autres de ces écueils entre Algériens et Américains, d’une part et Algériens et partenaires européens, d’autre part, détermineraient les options diplomatiques d’Alger.

H. O.

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