Les élèves ont tranché pour la graphie latine

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En effet, pour la 1re fois de son histoire, tamazight est intégrée “officiellement” dans un examen national et officiel. “Jusqu’à 15 h, je ne croyais toujours pas que notre langue maternelle ferait partie d’un examen officiel”, nous dira une enseignante de tamazight, rencontrée à la fin de l’épreuve “pour la simple raison que même si cet examen a été annoncé officiellement et une note ministérielle est parvenue dans tous les établissements, le ministère de l’Education et le Pouvoir a, à maintes reprises, promis et envoyé des circulaires qui n’ont pas été respectées”, ajoutera cette enseignante de tamazight. Devant avoir lieu en réalité en 2001 (BEM) et le bac en 2004, choses qui n’ont pas été concrétisées, les élèves amazighs ont enfin eu leur épreuve de tamazight, épreuve qui était à la portée de tous selon les enseignants de tamazight rencontrés jeudi dernier à Tizi Ouzou.Seulement, l’Association des enseignants de tamazight a regretté que le sujet soit transcrit en trois graphies. “Il est dommage que le ministère de l’Education et le Pouvoir en général n’aient pas le courage nécessaire pour trancher quant à la transcription de tamazight. De toute façon, pour nous enseignants, la question ne se pose plus, nous avons tranché et opté d’une manière réfléchie et scientifique pour le caractère latin, ceci lors des deux journées organisées à la Maison de la culture de Tizi Ouzou”, nous dira un membre de l’Association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou. “Nous dénonçons l’attitude du ministère de l’Education qui continue d’entretenir le flou et son incapacité à prendre une décision officielle quant à la graphie à utiliser, ceci ne fait que faire valoir l’opacité qui règne au MEN et chez nos dirigeants ainsi que leur peur d’un groupe de décideurs islamo-conservateurs qui ne cessent de conduire notre pays vers l’obscurantisme”, ajoutera notre interlocuteur. Toujours est-il que les enseignants et leurs représentants tiennent aussi à se féliciter de cet acquis ô combien important de voir leur langue maternelle faire partie de l’examen officiel après plusieurs reports. “Ceci n’est que l’aboutissement d’un combat de militants de tamazight et celui de la première promotion Mouloud-Mammeri sortie de Ben Aknoun en 1995, nous avons longtemps trimé, souffert et bravé d’énormes difficultés et entraves de la part de tous ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour saborder l’enseignement de tamazight, mais les enseignants et les élèves ainsi que les parents ont résisté à tout, et cette année nous avons récolté ce que les Mammeri, Boulifa, Mezdad et tous les autres ont semé”. Certes, les élèves et même les enseignants étaient affolés de voir un sujet de six pages en trois caractères (arabe, tifinagh et latin), mais passé ce moment de flottement, les élèves n’ont pas hésité une seconde à commencer à répondre en optant pour le sujet le plus approprié, à savoir celui rédigé en caractère latin. Par ailleurs, il y a lieu aussi de signaler la satisfaction chez les enseignants de cette langue quant au sujet et au choix, “il y a lieu aussi de relever que les propositions des enseignants et des inspecteurs ont été prises en compte quant à l’élaboration du sujet, puisque nous y avons participé et élaboré ces sujets, il reste à espérer et nous continuerons à nous battre pour que les prochaines sessions du BEM et même du bac seront rédigées en caractères latins. De toute façon, les apprenants ont tout simplement et innocemment répondu à M. le ministre en composant en latin et sur cela, le MEN doit prendre comme référence ces milliers d’élèves qui ont choisi pour toujours la graphie latine”.

Il est aussi à signaler, selon les membres de l’Association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou, un incident qui a été porté à leur connaissance, à savoir que les élèves du CEM base 7 de Draâ El Mizan ont été empêchés par le responsable du centre d’examen de passer l’épreuve “les élèves de notre établissement, base 7, ont tous suivi le cursus complet de l’enseignement de tamazight, 4 années complètes, mais le responsable de ce centre d’examen a renvoyé nos élèves lors du passage de cette épreuve et nous ne savons pas pourquoi”, ce que nous a d’ailleurs confirmé une enseignante du CEM base 7 que nous avons joint par téléphone.

M. A. B.

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