Les tragiques événements qui continuent de secouer les campus de plusieurs universités marocaines depuis le mois d’avril passé, ne cessent de susciter différentes réactions au sein du monde amazigh et notamment des associations culturelles berbères.
Les choses qui risquent de mal évoluer encore si rien n’est entrepris pour y mettre fin à cette énième violation des droits des Amazighs, la fraternité durement tissée entre les différents mouvements berbères risque de se disloquer et les espaces d’expressions risquent de se rétrécir. La gravité de la situation que traverse le Mouvement culturel amazigh (MCA) dans les universités marocaines n’a laissé personne indifférent. Avec son lot de morts, de blessés, une vingtaine d’emprisonnés, des milliers privés de cours dans leurs facultés depuis des semaines, les étudiantes amazigh qui fréquentent encore les universités sont continuellement harcelées et agressées par des étudiants armés se réclamant de groupes d’extrême gauche arabistes ou d’intégristes arabo-islamistes.
Le Congrès mondial amazigh (CMA), de son côté, à travers une déclaration rendue publique, s’insurge contre la répression qui s’abat sur les animateurs du mouvement amazigh marocain depuis son existence. En plus des violations systématiques des droits culturels au pays de la monarchie Alaouite, le CMA rappelle le caractère démocratique et républicain incarné par le mouvement amazigh au Maroc depuis sa naissance et par ricochet, » toutes les activités culturelles organisées par les étudiants du MCA ont toujours rencontré l’hostilité et les blocages de l’administration universitaire » de mèche avec le mouvement intégriste et les services du makhzen. Outre ces violations massives et répétées, le MCA vit, particulièrement cette année, une répression des plus brutale. Les étudiants des universités d’Agadir, Errachidia, Meknes, Fes, Taza, Rabat, Marrakech et Casablanca, ont subi » des attaques avec gourdins, jets de pierres, chaines et toutes sortes d’armes blanches « , regrette le CMA, qui ajoute que ces agissements ont été perpétrés par » des étudiants arabonationalistes sahraouis et un groupe qui se proclame de la gauche panarabiste radicale « , indiquent les rédacteurs du communiqué. Par ailleurs, et après avoir passé en revue les événements qui ont touché la quasi-majorité des universités marocaines où la police du makhzen s’est attaquée aux militants amazighs, le CMA condamne avec force les harcèlements policiers et juridiques dont sont victimes les militants berbéristes et les responsables des associations ainsi que Me Adghirni, SG du Parti démocratique amazigh du Maroc » dont plusieurs meetings ont été interdits ou empêchés ces derniers mois « , se révolte le CMA.
La politique assassine de la monarchie Alaouite fondée sur l’apologie de l’arabité et le mépris de l’amazighité faisant le lit du racisme, de l’exclusion et de négation de l’identité du peuple amazigh marocain, ont engendré cet état de fait où l’intolérance, la haine et la violence sont maîtres des lieux au pays de Mohamed VI, explique le CMA. En outre, le CMA précise qu’avec cet état de violence à l’encontre des militants amazighs, les auteurs de ces dépassements et violences ou des propos amazighophobes ne se sont jamais inquiétés » par la justice marocaine malgré les plaintes déposées à leur encontre « .
D’autre part, le CMA condamne l’inimité de certains groupes sahraouis envers les amazighs qui est liée d’une part, » à l’arabonationalisme et donc au racisme anti-amazigh dont se prévalent ces groupes » et d’autre, » au fait que l’Etat marocain accorde de manière exclusive, un grand nombre de privilèges socioéconomiques et politique aux populations de l’ex-Sahara occidental afin de s’attacher leurs faveurs « .
Dans ces circonstances caractérisées par l’escalade dans l’injustice, le racisme et la haine anti-amazighes, le Congrès mondial amazigh présente » ses condoléances aux familles et amis des victimes des violences, tout en déclarant son » total soutien au MCA, ainsi que sa solidarité et sa sympathie avec les blessés, les détenus et leurs familles « . D’autre part, le CMA, condamne les arrestations et les détentions arbitraires de ces militants qu’ils considèrent, par ailleurs comme prisonniers politiques. Enfin, le CMA appelle le mouvement culturel amazigh et les organisations de la société civile amazigh à : maintenir le choix des moyens pacifiques de lutte et la continuité du combat, ainsi que le renforcement des solidarités nationales et internationales pour faire face aux défis qui s’imposent aux amazighs. Le CMA demande aux instances internationales d’exiger du Maroc : une commission d’enquête indépendante sur les événements pour que cessent ces harcèlements contre les militants et pour l’application des recommandations de l’ONU pour les droits économiques, sociaux et culturels (2006) concernant les amazighs du Maroc.
Mohamed Mouloudj
