Si la décision n’est pas encore signée, le décret présidentiel portant création des deux institutions est prêt au niveau de la présidence de la République. Il sera étudié au cours d’un Conseil des ministres.
Sur le plan pratique, le projet de décret porte essentiellement sur la création d’un conseil composé d’une vingtaine de personnes et baptisé » Conseil supérieur de la langue nationale tamazight « . Il comptera 13 membres représentants autant de ministères, dont ceux de la Culture, les Affaires religieuses, de l’Environnement et de l’Education. 7 à 10 personnes seront choisies par le président de la République parmi » les compétences nationales » sans aucune autre précision. Le Conseil comptera, également, quatre enseignants universitaires et deux chercheurs choisis par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
La création de cette institution, un engagement pris par Ahmed Ouyahia lors de ses séances de dialogue avec les représentants du mouvement citoyen, remplacera, en réalité le Haut-commissariat à l’amazighité, une institution consultative, rattachée directement à la présidence de la République, qui n’a jamais exercé, en réalité, ses attributions. Pourquoi dissoudre une institution, malgré ses faiblesses, trop nombreuses d’ailleurs, pour la remplacer par une autre presque de même nature ? Seuls les concepteurs du projet ont la réponse, mais une réalité est là : plusieurs engagements concrets n’ont jamais été tenus. A commencer par ce projet de chaîne de télévision qui tourne depuis plus de trois ans sans jamais voir le jour. Un directeur, Said Lamrani en l’occurrence, a même été nommé et des films doublés mais qui sont restés dans les tiroirs.
Il faut également signaler que le haut-conseil qui va être créé, à l’image d’ailleurs de celui qui existe pour la langue arabe, aura, d’après le projet de décret présidentiel, le même organigramme que le Haut-commissariat à l’amazighité. Il aura, en plus du président, des directeurs, des directeurs d’étude et des sous-directeurs.
Par ailleurs, le même projet de décret prévoit la création d’une institution à caractère, apparemment, purement scientifique. Il s’agit d’une académie de langue amazighe. Elle (l’académie) sera composée essentiellement de chercheurs en tamazight.
Mais il semblerait que, jusqu’à présent, les démarches entreprises auprès de certains chercheurs, notamment établis à l’étranger, n’ont pas abouti, c’est derniers ayant peur de ne pas voir le projet se concrétiser. Il suffit de voir, d’ailleurs, le sort réservé à l’Institut pédagogique pour l’enseignement de tamazight, un institut mort-né présidé par l’éminent Abderrezak Dourari, pour se rendre compte que lorsque la volonté politique n’est pas au rendez-vous, les résultats ne sont pas toujours garantis.
Ali Boukhlef