Dérive islamiste en Kabylie

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Servant de région de repli pour les sanguinaires de l’ex-GSPC affilié à El-Qaïda aux pays du Maghreb islamique, la Kabylie se retrouve aujourd’hui coincée entre le marteau des terroristes islamistes et l’enclume des réseaux maffieux et criminels. Réputée pour être une région frondeuse, la Kabylie est choisie par les sanguinaires, vu son caractère géographique montagneux et boisé approprié à leurs sales besognes. Les intégristes ne ménagent aucun effort pour assouvir leurs chimériques idéaux. Les extrémistes religieux au village de Selloum, de son vrai nom kabyle  » Azru Getvir  » à Tuvirett, situé entre Taqervuzt et Rafur, innovent en matière de totalitarisme religieux et de restrictions aux libertés individuelles et collectives. Cette dérive despotique des adeptes de Ben Laden montre à quel point, si rien n’est entrepris dans les plus brefs délais, l’islamisme peut souiller le bastion de la démocratie et porter, ainsi, atteinte à la Kabylie et à son combat pour la démocratie. En effet, le comité du village a décidé d’établir un nouveau règlement  » Qanun n-Taddart « , qui sera  » voté et appliqué  » incessamment. A l’instar de tous les villages kabyles, le non-respect des lois du village induit, généralement, des peines, allant damendes jusqu’à l’excommunion. Les principaux points de ce fameux  » règlement « , concernent, entre autres, la conduite des femmes et les jeunes étudiantes du village.  » Une légèreté dans la conduite des femmes et des jeunes étudiantes du village, qui auraient un comportement exagéré dans leurs tenues vestimentaires, dans leur conduite avec leurs camarades de classe et dans leur éducation « , selon le comité. Les rédacteurs de ce texte de loi s’attaquent sans vergogne aux femmes en général et aux étudiantes en particulier. Les nouveaux gardiens de la morale à Selloum ont choisi le  » sexe faible  » pour verser leur venin au lieu d’apporter de nouvelles idées consacrant l’équité et le respect mutuel. Par ailleurs, la garde prétorienne de la morale islamique, investit le terrain des libertés individuelles pour apporter leur grain de sel, ils recommandent des normes quant à  » la tenue vestimentaire d’été, aussi bien pour les hommes que pour les femmes « . Plus loin, ils prônent l’interdiction pure et simple de  » la consommation d’alcool « .

Les nouveaux apprentis talibans ne s’arrêtent pas là, puisque, selon ce comité,  » les mesures à prendre sont les suivantes :  » Instaurer un nouveau règlement pour les femmes, en limitant leurs déplacements individuels, et en imposant une tenue conforme aux textes du Coran « .  » Imposer une nouvelle tenue vestimentaire, interdisant pour les hommes de se mettre notamment en bermuda et pour les femmes les tenues décolletées « .  » Interdire la libre consommation d’alcool « .  » Limiter le temps pour les fêtes d’été jusqu’à minuit « .

Voici, grosso modo, les  » commandements  » qui ont été pris par le comité du village de Selloum, cette semaine, et qui seront adoptées bientôt. Cette région où le respect de l’autre est une institution, la liberté une valeur, la fraternité une devise, abdiquera t-elle, pour autant devant cette énième menace des dérives extrémistes ?

Certaines questions liées aux libertés reviennent tel un leitmotiv. Quel est le but recherché par ces nouveaux sages ?

Depuis la nuit des temps, l’organisation sociale de la Kabylie est basée, dans son ensemble, sur le respect et la fraternité. Les sages ou  » luâqel  » ou bien  » les vieux « ,  » Imgharen « , étaient choisis pour leurs comportements exemplaires et responsables, ces vieux ont su combler le vide juridique que l’Etat ne pouvait remplir. Les sages des villages, à travers leurs poids dans la société, étaient appelés à s’occuper de tous types de conflits d’individus d’une même ou de différentes familles. Avec leur expérience dans la vie, puisée dans un patrimoine profond avec de traditions riches, ils ont pu graver dans la mémoire collective de la Kabylie l’importance capitale d’une organisation sociale fondée sur le respect et la maturité.

Les comités de villages de part la Kabylie, sont constitués essentiellement, de gens âgés. Mais à partir des années 90 avec l’ouverture démocratique, les associations de jeunes ont pris le dessus sur les  » vieux « .

Aujourd’hui, la Kabylie se retrouve avec la quasi-majorité de ses comités formés de jeunes chômeurs dans leur totalité. Le prosélytisme religieux qui puise sa force dans les milieux de jeunes chômeurs et déshérités vient de franchir un pas en s’attaquant aux libertés individuelles et collectives des citoyens du village de Selloum. La société civile, les responsables politiques, les associations de jeunes sont plus que jamais interpellés pour faire face à cette situation périlleuse qui peut, non pas porter atteinte à la démocratie, mais elle remettra en cause des années de lutte et de combat contre la dérive islamistes et pour la démocratie et la laïcité.

Mohamed Mouloudj

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