Connu pour son franc-parler, le coach, Malek Ould Younès, de l’AFWB, nous brosse un tableau sombre de la situation du football féminin qui se trouve, selon lui, entre les mains de bricoleurs et de chasseurs de primes. Ecoutons-le.
La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous d’abord de votre club qui a déjà passé une saison sabbatique ?
M. O. Y. : Oui, mon équipe n’a pas pris part aux compétitions nationales (coupe et championnat) pour la simple raison qu’on l’a tout simplement dissoute. Je reconnais qu’on a commis des erreurs de gestion de club mais il faut avouer aussi que la cellule familiale, déjà suffisamment disloquée, ne joue pas, elle aussi, son rôle pour aider ainsi à la promotion et la vulgarisation de cette discipline.
Les filles sont devenues aussi trop exigeantes sur le plan financier. Pour ce faire, nous avons alors songé à nous occuper uniquement de la formation, comme il est de tradition au sein de l’ASFWB.
A présent, nous avons un groupe de 38 filles dont 5 gardiennes de but que prend en charge l’ancienne internationale Ibrahim Yasmina. Nous comptons, dès cette saison, renouer avec la compétition mais nous comptons aussi sur la compréhension de la LRFA pour nous accorder une dérogation car, la moyenne d’âge au niveau de l’ASFWB oscille entre 15 et 17 ans.
Depuis son avènement, il y a presque une décennie en Algérie, le football féminin reste toujours au stade du bricolage, à l’image de celui des hommes. Un commentaire ?
l Tout à fait. C’est l’éternel bricolage qui a toujours prévalu. Cela se vérifie à Béjaïa où en plus du manque de moyens, la gestion à l’aveuglette fait aussi des siennes et a encore de beaux jours devant elle. Sur ce, je dois du respect pour le club de Larbaâ N’ath Irathen qui fait du bon travail pour le développement de cette discipline, ceci en plus, bien sûr, de la géante équipe de l’ASE Alger-centre qui est gérée comme un club professionnel.
Béjaïa, qui est pourtant une pépinière de jeunes talents, n’est jamais parvenue à détrôner cette équipe et, au final, on vous sort l’argument des moyens financiers.
Quelle aberration ! Nos clubs sont tout simplement sous encadrés sans plus.
Un mot pour conclure ?
l Je souhaite du fond du cœur que les choses changent dans le bon sens afin de nous permettre de travailler dans de bonnes conditions. Merci enfin à vous.
Propos recueillis par Bouzid Ouari
