L’esplanade de Riadh El Feth sous le charme

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Une semaine durant, Bouira et Tubirett se sont agréablement télescopés et amalgamés à Alger pour faire connaître deux dimensions culturelles assises sur un même socle historique plusieurs fois millénaire. Les Algérois (et ils étaient nombreux) qui s’étaient rendus à l’esplanade de Riadh El Feth découvraient une facette de Bouira qu’ils ne soupçonnaient pas. A cause essentiellement de la médiatisation surdimensionnée de l’horreur terroriste, Bouira ne représentait qu’un bled perdu dans le temps et dans l’espace d’une Algérie malmenée par l’intégrisme. Et la semaine d’Alger a effacé la caricature ‘’bledarde’’ pour dire que l’on vit à Bouira. Sinon, Oujrih, jeune chanteur de la région, n’aurait pas emballé des centaines de jeunes Algérois avec son Fleksi-yas âecralaf. Tous lui répondaient en chœur, en sautillant et en brandissant des mobiles : «fleksi-yas âecrin alef !». Même ambiance lorsque Sofiane, le jeune rappeur est monté sur scène. «Quoi, du rap à Bouira !?», semblait s’interroger le public. Oui. Et il a existé, alors même que le terrorisme interdisait la vie. Seulement il n’y avait personne pour l’écouter. Il en est de même pour Nassim Ait Kara. Le jeune chanteur a carrément bluffé les ouled el houma et autres ‘’ya kho’’ pour qui le chaâbi ne dépasse pas les frontières de La Casbah.

Il n’y avait pas que la chanson dans les bagages de la semaine de Bouira à Alger. Le théâtre, les arts plastiques, la poésie, la prose et les virtuoses de l’Institut de musique étaient aussi au rendez-vous.

Une petite virée du côté du stand des expositions, le visiteur découvrira la diversité et la richesse culturelle de la wilaya de Bouira. En remontant le temps depuis Auzia l’antique et le tombeau de Takfarinas, jusqu’à l’actuel Sour El Ghozlane et l’actuel M’chedellah, il constatera que les deux dimensions qu’incarnent les arabophones et les berbérophones font partie d’une même histoire.

L’on ne peut pas ‘’boucler’’ le stand de Bouira sans s’arrêter devant la robe des At Leqser. A première vue, il s’agirait d’une quelconque robe kabyle. En fait non. Elle est différente des autres robes et dans la forme et dans son histoire. Madame Kessil, la couturière, nous parlera de la robe comme de l’histoire. Elle nous expliquera que les couleurs (le rouge et le noir, notamment) représentent une étape de l’histoire du pays. On saura ainsi que la couleur noire (la plus prisée dans la région) a un rapport avec les événements de Kherrata. A souligner que la dame ne se contente pas de coudre : elle fait des recherche à propos de l’histoire de la robe kabyle.

La semaine de Bouira à Alger a pris fin vendredi dans la soirée. Vivement des semaines de Bouira à Bouira. la vie n’en sera que plus belle.

T.O.A.

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