Gestion et digestion

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“Bien des gens confondent mauvaise gestion avec destin’’, cette sentence sans équivoque de Kin Hubbard reflète pourtant le désarroi de plusieurs milliers, voire millions de familles qui attendent désespérément le jour où elles pourront enfin se loger.

L’amer constat du chef de l’Etat dans la wilaya de Sétif lors sa visite, aura eu le mérite de remettre les pendules à l’heure et pour les responsables locaux qui négligent les demandes de logements, et pour les personnes sans vergogne qui s’enrichissent non seulement sur le dos de l’Etat mais également au détriment de familles nécessiteuses les privant d’un toit. Cette fois-ci, Abdelaziz Bouteflika a dénoncé les pratiques de détournement des logements socio-participatifs que l’Etat distribue sans en contrôler les bénéficiaires. En exprimant sa colère sur le fait que des bénéficiaires de logements, promotionnels notamment, vendent leur logement et formulent de nouvelles demandes, le président de la République a exigé que les lois régissant l’attribution de logements soient plus rigoureuses, mais surtout qu’elles soient appliquées pour tous. A vrai dire depuis l’investiture du Président Bouteflika, le programme portant sur la réalisation d’un million de logements avait été favorablement accueillit par les citoyens qui attendaient pour la plupart un logement depuis l’indépendance du pays.

Pourtant, les barons ayant la main mise sur les ventes de ces logements n’agissent pas en solo. Ces pratiques ne peuvent être effectuées sans la complicité ou la bénédiction, c’est selon, d’élus locaux et de l’administration en charge de leur attribution. Sinon comment expliquer qu’après avoir fixé l’objectif de la réalisation d’un million de logements, et qu’après la réception de quelques milliers d’entre eux, déja la demande soit aussi croissante et importante que des familles entières résident toujours dans des bidonvilles ? Certes le chef de l’Etat n’est pas dupe et en préconisant la mise en place d’un système interdisant les désistements et la vente de logements par leurs bénéficiaires avant une vingtaine d’années après la remise des clés, la mesure en question vise avant tout à éviter toutes spéculations.

En exprimant sa désapprobation par rapport à ces ventes, le président de la République a voulu dénoncer la vente de ces logements par ceux-là mêmes, qui demandent d’autres logements, devenant ainsi des milliardaires de façon illégale, ce qui a pour conséquence de pénaliser les familles réellement nécessiteuses et ayant réellement besoin d’un toit. Désignées à l’unanimité comme étant la source de ce problème, et de bien d’autres, les collectivités locales, notamment les APC. A ce sujet, le ministre de l’Intérieur a publiquement déclaré que certaines municipalités continuaient de naviguer en eaux troubles en annonçant que plus de 350 affaires liées à la gestions de certains élus locaux sont au niveau de la justice. Un nombre effarant et pourtant ne reflétant certainement pas l’ampleur la gestion catastrophique menée par les quelque 1 500 communes d’Algérie. Surfacturations, passations de marchés douteuses, travaux fictifs, etc.. La gestion des affaires publiques et la digestion de deniers publics sont étroitement liées, et ce n’est sûrement pas le ministre de l’Intérieur qui démentira de sitôt, étant donné qu’il a dénoncé ces pratiques frauduleuses tout en les condamnant. Reste à savoir comment y mettre fin.

Hafidh Bessaoudi

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