l Il est des chiffres qui ne trompent pas et qui illustrent mieux que tous les prolixes discours du monde, la santé d’un peuple. Ceux relatifs à la pauvreté et au chômage en Algérie rappelant si besoin est, que les citoyens s”enfoncent de plus en plus dans la spirale du mal de vivre et le dénuement sans que les pouvoirs publics ne proposent une bonne fois pour toute une stratégie afin d’arrêter cette descente aux enfers. Des milliers d’Algériens vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Selon la Banque mondiale, 20% des citoyens vivent avec moins d’un dollar par jour. Ce chiffre démontre largement la nette et combien inquiétante progression de la paupérisation qui touche de plein fouet 1/6 de la population du pays. Les gouvernants pourtant conscients des effets dévastateurs de l’ajustement structurel de l’économie de marché n’ont rien pu proposer de concret pour éviter que les populations ne sombrent dans la misère. “Les réformettes” si on peut les appeler ainsi et autres solutions de replâtrage, filet social, travaux d’utilités publics confondus ne constituent qu’une goutte d’eau dans l’océan. En effet, y a-t-il de pire sentiment pour un être humain que de se retrouver à la merci des autres ?
La fermeture des milliers d’entreprises publiques pour des causes multiples, ont mis à la rue plus de 800.000 salariés et le remède n’est pas pour demain pour juguler cette masse de chômeurs qui ne fait que s’accroître de jour en jour. Lorsqu’une économie décide “d’exterminer” sa classe moyenne, à laisser faire une minorité d’archi–milliardaires de l’import-export et de la spéculation tous azimuts, elle consent également à laisser crever tout un peuple. Du coup, faut-il s’étonner de voir se propager des phénomènes que notre société ne méritent pas de connaître ? tels que la prostitution, la mendicité, la criminalité et tous les maux qui s’en suivent dans toutes ses manifestations ? Faut-il encore s’émouvoir devant l’ampleur des déperditions scolaires, des suicides !… Nos élus, qui non seulement sont incapable de tenir leurs engagements vis-à vis de leurs concitoyens qui les ont propulsés, se permettent le luxe de distribuer le peu de logements sociaux disponibles à leurs proches et à ceux qui ne sont nullement dans le besoin. De plus en plus d’Algériens et d’Algériennes ont été contraints d’aller chercher leur nourriture dans les poubelles et autres décharges, alors que les responsables locaux, à tous les niveaux, qui se succèdent, continuent à organiser des rencontres et conférences hybrides et sans solution pour uniquement disserter du comment et du pourquoi de la chose sans réussir ou freiner un tant soit peu ce cataclysme. Demain ou après demain ou l’an prochain, d’autres réunions et/ou séminaires seront organisés pour parler, et parler seulement… de pauvreté. Désormais, les citoyens ne se nourriront plus de discours de campagnes, de programmes ou de profession de foi. Ces milliers, voire ces millions de laissés-pour-compte n’attendent ni aumône ni assistance, ni encore le prochain Ramadhan qui approche à grands pas pour manger. Ce qu’ils demandent, c’est un travail pour récupérer leur dignité bafouée et pouvoir subvenir seul à leurs besoins. Le reste, alors tout le reste, n’est que littérature pour gens à l’abri du besoin.
S.K.S
