Nouvelle polémique entre Alger et Rabat

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La tension entre Alger et Rabat a refait surface à l’occasion du sommet de l’UMA qui se tiendra à partir d’aujourd’hui 24 au 26 mai à Tripoli. Et le hasard du calendrier a fait que cette rencontre au sommet coïncide avec l’anniversaire de la création de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) en 1975.La polémique entre les deux parties a commencé, il y a quatre jours à l’occasion d’un message envoyé par le Président Abdelaziz Bouteflika, à son homologue sahraoui et, dans lequel, il a réaffirmé son soutien à la « cause de son peuple » et à son droit à l’autodétermination. « L’Algérie est déterminée à œuvrer pour une union forte… sans se défaire de ses principes ». Par principe, le chef de l’Etat veut dire le droit des peuples à choisir leurs destinées, une position que notre pays a toujours défendue depuis son indépendance. Le Président a même écrit à son homologue que « nous irons en Libye fidèles à nos principes ». Les Marocains n’ont pas tardé à riposter aux déclarations du président de la République par la voix de leur ministre des Affaires étrangères Mohamed Benaissa, qui, dans un communiqué rendu public avant-hier, accuse notre pays d’adopter « un parti-pris systématique contre les intérêts supérieurs du royaume en procédant à une lecture obstinément tronquée de la légalité internationale ». C’est donc une occasion pour le pays de Mohamed VI de remettre en avant ses « intérêts supérieurs », c’est-à-dire la légalité de la présence marocaine au Sahara occidental contre la volonté des sahraouis qui ont toujours demandé un référendum d’autodétermination. La même position est toujours soutenue par les Nations unies. Les Marocains ont, pour rappel, accepté cette solution lors des accords de Houston, signés en 1991 par le royaume et les représentants du Polisario, avant de revenir sur leur décision et de demander de garder l’ancienne colonie espagnole sous son autorité.Cette situation a constitué une raison pour Rabat de bloquer les instances de l’Union maghrébine, dont le dernier sommet remonte à Tunis en 1994, sous le prétexte d’un différend avec l’Algérie sur cette question précise. Chose que récuse notre pays en clamant que le problème ne la concerne pas et qu’il n’y a que deux parties dans le conflit, à savoir le Maroc et le front Polisario.Pour détendre l’atmosphère entre Alger et Rabat, un sommet entre Abdelaziz Bouteflika et Mohamed VI a eu lieu le 24 mars dernier juste après le sommet de la Ligue arabe. Cette rencontre a eu comme résultat la suppression du visa d’entrée aux ressortissants marocains. Des réunions cycliques sont même organisées pour discuter de l’ouverture des frontières terrestres entre les deux voisins.Mais contrairement aux sommets précédents, le roi du Maroc a confirmé, hier, sa présence au sommet de Tripoli nonobstant les déclarations du président de la République. La rencontre que présidera El Kadhafi sera-t-elle celle de la relance de l’UMA ? Rien n’est moins sûr même si la société civile des cinq pays a toujours appelé à une entente entre les régimes de la région. La seule chose qui se dessine à l’heure actuelle, est la mise à l’écart du problème du Sahara occidental pour ne discuter que des questions pratiques, à moins que le Maroc ne fasse faux bond.

Ali Boukhlef

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