Un nouvel esprit pour un partenariat de haute facture

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A Alger, il est venu avec dans une main le projet d’union méditerranéenne,une alternative plus réaliste, mais paradoxalement plus ambitieuse que le processus de Barcelone prématurément tombé en désuétude, et dans l’autre la feuille de route d’un partenariat d’exception plus porteur qu’un traité pour régir l’amitié. Nicolas Sarkozy est ainsi. Il soulève les tollés les plus bruyants avant que les vierges effarouchées qui le guettent se rendent compte qu’il a fatalement raison. A Bruxelles, il a commencé par démontrer que les protocoles sont aussi faits pour être bousculés. Tout puissant chef d’Etat qu’il est, il n’a pas hésité à descendre dans l’arène d’un débat d’experts. Il a séduit et convaincu, jusqu’à faire dire au président de l’Euro groupe que “ ce sont exactement ces  » réformes qu’il faut à l’Europe. Et  » ces réformes  » sont portées par le président d’une France jusque-là frileuse et à la traîne des grandes mutations des puissants de ce monde. Avant d’atterrir à Alger, il a commencé par un signe fort : l’Algérie est le premier partenaire africain de la France, et il n’y a aucune raison pour qu’elle n’occupe pas dans tous les projets à venir la place due à son rang. Si l’amitié peut se passer d’un traité, elle peut aussi rompre avec la tradition et le roi du Maroc l’a appris à ses dépens, lui, l’habitué des flonflons de situations acquises plus que des visites concises de quelques heures. Les situations acquises, Nicolas Sarkozy est venu aussi à Alger vérifier qu’elles ne durent pas. De gros projets de réalisation où la France n’a même pas concouru, un marché de l’automobile où la part française se réduit comme peau de chagrin et une tendance à la diversification des fournisseurs qui n’offre rien de spécial à Paris. Le président français connaît la situation. Il sait que le marché algérien mérite aussi quelque risque que la frilosité des entreprises françaises n’a jusque-là pas permis. Il sait que la France doit investir, créer de l’emploi et des richesses et apporter son savoir-faire si elle veut s’assurer une présence durable en Algérie. Ce n’est pas un hasard si le chef de l’Etat français insiste particulièrement sur le développement d’un partenariat de haute facture dans le domaine de la PME / PMI, un secteur qui génère plus de 50% des emplois français et auquel l’Algérie est très sensible du fait que le chômage constitue sa plaie sociale la plus douloureuse. Sarkozy sait aussi combien il est aventureux –c’est son propre terme- de considérer l’Algérie comme un terrain conquis. C’est pour cela que loin des flonflons, il y est venu les manches retroussées, comme dans tout ce qu’il entreprend. Avec cette rare qualité en politique de faire tout ce qu’il dit.

Slimane Laouari

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