La période estivale est mise à profit par les constructeurs pour faire avancer leurs chantiers. Ce qui ne va pas sans avoir des répercussions sur les coûts. Malgré une relative baisse, le ciment dit “ACC” se négocie à plus de 800 DA le quintal (deux sacs).
Il y a quelques jours, il avait battu tous les records avec 450 DA le sac. Plusieurs hypothèses ont été émises quant à cette perturbation. Les revendeurs disent ne pas être à la base du “marché noir” qui aurait son origine plutôt dans la fermeture de l’usine de Sour El Ghozlane. La loi de l’offre et de la demande a fait le reste. Le sable lavé, quant à lui, a atteint les 18 000 DA le camion de dix tonnes. La fermeture de plusieurs sablières a conduit les revendeurs à se rabattre sur celles de la wilaya de Béjaïa.
L’éloignement, un facteur contribuant à cette hausse, s’ajoute aux difficultés d’approvisionnement, puisque pour se faire servir, les chauffeurs sont contraints de passer la nuit sur les lieux pour suivre la longue chaîne de camions, venus de divers horizons. “Estimons-nous heureux de l’avoir à ce prix,” disent les revendeurs. La brique d’Irdjen ou d’ailleurs revient aux constructeurs à 17 DA et plus.
Lorsqu’on sait que le maçon débutant exige d’être pays à 1000 dinars la journée et le manœuvre à 600 dinars, on comprend pourquoi le prix de revient d’une maison de trois pièces dépasse l’entendement. Les mal-logés qui n’ont d’ailleurs d’autre choix que l’auto-construction, peuvent attendre longtemps avant de mettre leurs projets à exécution. Et ce ne sont pas les cinquante millions de centimes d’aide à l’habitat rural qui vont les encourager à s’aventurer dans cette jungle.
Les plus hardis, disposant d’un terrain, prennent leur courage à deux mains, pour montrer leur bicoque, brique par brique. “Chez nous, on sait quand on commence la construction, mais on ne sait jamais quand on la finira”.
De nombreuses maisons ne sont habitées que plus de dix ans après leur entame. Leurs propriétaires, de simples fonctionnaires, ne peuvent aller au-delà de leurs moyens. “Comment voulez-vous que je paie un maçon à 1200 DA la journée alors que je ne gagne que la moitié”, avoue un père de famille qui ne cesse de bricoler durant ses journées de repos afin de faire face au plus pressé. Sa maison est close et couverte, mais non encore terminée. Il est donc considéré comme logé et ne peut prétendre à une quelconque aide de l’Etat. Les logements sociaux construits et distribués au compte-gouttes ne peuvent résorber la crise du logement que vivent nos concitoyens.
Même la formule “habitat rural” qui avait suscité un peur d’espoir à son début, a fini par montrer ses limites.
Que ce soit du point de vue de la valeur, somme toute, symbolique, de l’aide de l’Etat que de celui des formalités administratives qui soumettent le demandeur à un véritable parcours du combattant.
Nacer B.
