»Le pétrole à 120 dollars, c’est très probable »

Partager

l Pour Sid-Ali Boukrami, expert en finances internationales, les prix du pétrole qui ont atteint le week-end passé à New York, 74 dollars le baril, autrement dit, des nouveaux sommets depuis déjà longtemps, vont connaître, un seuil jamais égalé, dans les dix prochaines années. Il s’agit, en effet, pour cet éminent universitaire algérien, qui était hier matin l’invité de la rédaction de la chaîne III de la Radio nationale, d’un taux allant, tenez-vous bien, de 100 à 200 dollars. Oui, un baril sera vendu, selon les dires de ce dernier, entre 100 et 200 dollars !  » Le pétrole est une denrée qui diminue et est non renouvelable et, c’est le secret de Polichinelle, son prix ne peut qu’augmenter à l’avenir  » a-t-il indiqué sans ambages. Mieux, il fera savoir que les experts en la matière, sont unanimes sur le fait que le baril pourrait être échangé dans seulement une dizaine d’années à 100 ou 120 dollars. L’or noir qui est considéré comme énergie non renouvelable, doit, à ses yeux, être au cœur des discussions de tout les partenaires, afin, ajoute-t-il, de préserver les intérêts des générations futures. Il dira dans ce sens que  » le pétrole n’appartient pas qu’à notre génération, il appartient également aux générations futures et les meilleures réserves qu’on puisse avoir sont les réserves d’hydrocarbures à confier aux générations de demain. Nous le vendons 60 ou 70 dollars mais dans une dizaine d’années il vaudra 100 ou 120 dollars ; il y a une unanimité : comment le vendre aujourd’hui et en priver les générations futures qui l’achèteront à trois fois le prix actuel ? » a-t-il argué. D’où l’objectif de fixer, dés maintenant la production en fonction des besoins de l’économie mondiale de manière, soutient-il, plus subtile, mais surtout savoir garder une marge de négociation afin de mieux utiliser les surplus. Aux yeux de l’hôte de Souhila El Hachemi, les réserves de change d’un pays commencent à être interprétées autrement.  » Lorsqu’un pays dispose d’une certaine réserve, ce n’est plus une réserve de change, mais un transfert des réserves d’hydrocarbures en moyens de payement qu’il n’arrive pas à utiliser au plan interne malgré tous les efforts  » a-t-il souligné, ajoutant au passage que, la conjoncture actuelle plaide pour un meilleur placement de ces réserves, en d’autre termes,  » laisser les revenus de ces placements pour les générations futures comme cela a été fait par divers pays, titre d’exemple la Norvège « . En reprenant la citation d’un ex-ministre des Finances, qui est lourde de sens, à savoir  » « en vendant du pétrole, on s’appauvrit « , M. Boukrami, tenait à tirer la sonnette d’alarme en déclarant qu’en l’état actuel des choses, les pays producteurs, à l’image de l’Algérie, ont un seul et unique pouvoir de négociation, avec les géants de ce monde, en l’occurrence le pétrole. « Notre seul pouvoir de négociation vis-à-vis de l’extérieur, ce sont les hydrocarbures, tant que nous les gardons, les gens nous prennent au sérieux », a-t-il estimé. En parallèle, le fait d’avoir seulement un secteur générateur de devises dans l’économie nationale, le cas de l’Algérie, qui faut-il le rappeler, tire 97% de ses revenus sont dus des hydrocarbures, constitue, selon l’orateur un risque réel d’inflation. Il dira à titre indicatif que l’augmentation des salaires dans ce même secteur  » peut se répercuter sur les autres secteurs  » mais, ajoute-t-il,  » sans justification d’amélioration de la productivité ». A une question relative à la pauvreté d’un pays, le conférencier, a rejeté d’un revers de main, le fait que celle-ci est purement déterminée par le taux de réserves de change que ce même pays détient. Pour lui, la pauvreté ne se mesure plus au montant des réserves de change détenues par un pays. Son plaidoyer a été marqué par un exemple des plus éloquent, à savoir les pays de l’Afrique subsaharienne. En effet, ces derniers qui sont considérés parmi les plus pauvres de la planète, détiennent plus de…. 150 milliards de dollars de réserves de change.  » Les données ont changé  » martèle-t-il.  » Comment passer d’une économie matérielle à une économie immatérielle  » c’est là, la problématique pour Boukrami.

Salah Benreguia

Partager