Les citoyens de la ville de Ain Bénian, sont décidés de passer à l’offensive, après le lâche assassinat de Mohamed B. par un jeune en état d’ébriété, la semaine denière. Les habitants de cette ville côtière, qui ne décolèrent toujours pas, ont adressé une lettre au premier responsable de l’APC, dont nous détenons une copie. Tout en considérant d’emblée que Mohamed B. est doublement victime, de l’agression d’une part, et du laxisme des services de sécurité envers toutes formes de délinquances d’autre part, les signataires de cette missive tiennent à réaffirmer, une fois de plus, que leurs quartiers sont devenus, depuis un certain temps, un lieu de prolifération de moult fléaux sociaux, et pas des moindres, puisque, outre le trafic et la consommation de drogue, des lieux de débauche se créent au quotidien. De plus, le mutisme des responsables locaux a pour effet de faire le lit de ces malfrats qui semblent se plaire dans cette localité qui, jadis, était connue pour sa tranquillité. Les citoyens qui, à l’instar de toutes les régions du pays, ont connu les affres de la bête immonde qu’est le terrorisme, considèrent que le climat demeure tendu avec cette généralisation de la violence.
Les rédacteurs du communiqué ont indiqué que l’avènement des bidonvilles, source de divers fléaux par excellence, est dû au déferlement des populations des campagnes vers la ville, en sus, du niveau social de la population qui y hébergent, à savoir des citoyens pauvres, mais aussi dépourvus de toute aide de la part de l’Etat. » L’absence d’investissement adéquat dans la sécurité publique, le manque de présence policière ou son inefficacité, l’usage de force excessive, et les arrestations arbitraires et enfin la connivence avec les bandes de voyous, contribuent au niveau élevé de méfiance envers la police « , peut-on lire. Aux yeux des citoyens de Ain Benian, la sécurité humaine est possible lorsque l’état s’acquitte efficacement de ses obligations nationales de sécurité. Cependant, ajoutent-ils, elle est menacée lorsque l’Etat est répressif sur le plan national ou est incapable d’assurer la sécurité publique. » Pour cela, nous les citoyens de Ain Bénian, sommes déterminés à mettre fin à cette situation d’insécurité qui ne peut plus durer « , ont-ils souligné sans ambages. Afin de remédier, mais d’une façon durable, à cette situation, le comité de cette ville » exige « , à ce que bon nombre de revendications, soient satisfaites. Il s’agit, en effet, de l’ » application de la loi interdisant la consommation de boissons alcoolisées à l’intérieur des dépôts de vin, mettre fin, primo, au trafic des stupéfiants, et deuxio, à la création des lieux de débauche « . N’en restant pas là, les plaignants, via cette lettre, ont mis en avant la problématique qu’est l’interdiction de la consommation de boissons sur la voix publique, mais surtout assurer d’une manière efficace la sécurité des citoyens de jour comme de nuit. » La population restera mobilisée jusqu’à la satisfaction totale et durable de ces revendication « , ont-ils encore averti.
» Combien de citoyens tomberont encore et encore pour que les pouvoirs publics, tous corps confondus, réagissent et décident d’entendre le cri de détresse lancé par la jeunesse » s’interrogent le Mouvement démocratique et social, bureau de Ain Benian, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, qui est d’ailleurs d’une rare virulence. Pour le MDS de l’ex-Guyotville, le jeune Mohamed B, qui vient d’être poignardé, s’ajoute, hélas, à la langue liste des victimes d’une violence encouragée et entretenue par un système moribond qui ne cherche qu’à se protéger et se maintenir. A toute fin utile, on rappelle que cette ville a enregistré plus de 60 assassinats durant ces derniers mois. » Combien de drames allons-nous vivre » ? s’interroge encore le parti de feu El Hachemi Cherif. Tout en soutenant l’initiative de la mobilisation des citoyens de Ain Benian contre l’insécurité qui règne dans la ville, le MDS de cette commune tire à boulets rouges sur le Pouvoir en place, qui, selon les dirigeants locaux, est incapable d’offrir un brin d’espoir pour une jeunesse martyrisée. » Notre frère et ami Mohamed B, est victime de vos agissements irresponsables vis-à-vis du peuple, et aussi victime du laxisme de vos services de sécurité gangrenés par la corruption et le laisser-aller « , ont-ils encore signalé.
Salah Benreguia