“Eurafrique” ou la nouvelle offre de Nicolas Sarkozy aux Africains

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Après la présentation de son projet d’union méditerranéenne aux pays concernés, voila que le président français s’investit dans un autre chantier, plus vaste et donc plus alambiqué. En effet, dans sa tournée africaine qui l’a conduit dans nombre de capitales africaines, M. Sarkozy a multiplié ses offres en vue de régler un contentieux historique de même qu’un avenir assumé.

L’Eurafrique est un concept qui « reste à préciser », une « vision » que l’on peut « déjà rêver », pour la secrétaire d’Etat, chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, Rama Yade, en visite vendredi au Gabon avec le président de la République Nicolas Sarkozy.

« L’Eurafrique, c’est une solidarité européenne et africaine, c’est un projet d’espoir, un projet de société qui part d’une histoire commune », a-t-elle déclaré sur Europe-1 pour définir un concept présenté la veille par le président à Dakar, au Sénégal.

Rama Yade considère que « l’Europe et l’Afrique sont tellement proches, en termes de kilomètres, mais aussi de culture, que leurs destins sont liés ». Selon elle, il faudrait « franchir des décennies d’histoire pour arriver à constituer très rapidement ce projet, ce concept-là qui reste à préciser ». La secrétaire d’Etat a également estimé que les Africains n’avaient pas été choqués par le discours de Nicolas Sarkozy la veille à Dakar, dans lequel il invitait la jeunesse du continent à se prendre en main, tout en les assurant de l’aide de la France.

« Les Africains ont été les premiers à demander cela, en tout cas ceux de la société civile », a-t-elle déclaré. Selon elle, la jeunesse africaine veut dire « qu’elle est responsable, qu’on peut lui faire confiance ». Par sa part, le Président français a encore une fois réitéré son refus d’entrer dans un exercice de repentance, parce que « nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères ».

Certes, le président n’a « pas nié les fautes ni les crimes, car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes ». Avec des mots plus forts que jamais, il a qualifié « la traite négrière et l’esclavage » de « crimes contre l’homme, crimes contre l’humanité ». Et il a longuement dénoncé les effets pervers de la colonisation. « Ils ont cru qu’ils étaient la civilisation (…). Ils ont abîmé une sagesse ancestrale. (…) Le colonisateur a pris, s’est servi, il a exploité, il a pillé des ressources (…). Ils ont eu tort » a-t-il scandé.

« Ils se trompaient mais ils étaient sincères », a-t-il toutefois nuancé. Puis, comme s’il cherchait à équilibrer les torts, M. Sarkozy a invité l’Afrique a faire sa propre autocritique : « L’Afrique à sa part de responsabilité dans son propre malheur : la colonisation n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux, des génocides, des dictateurs, du fanatisme, de la corruption et de la prévarication. »

Ainsi, la France de Sarkozy aspire à intensifier ses relations avec le continent noir et un partenariat plus réaliste et plus équilibré qu’il ne l’était durant les années de  » Françafrique ».

Ce qui constitue aussi, une réplique au forum afro-chinois tenu ces derniers mois à Pékin. Sarkozy compte-t-il lâcher les amis de Chirac avec l’intention de révolutionner les relations françaises dans le continent ? Tout permet de croire que la rupture de Sarkozy l’est d’abord avec le Gaullisme.

Yassine Mohellebi

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