Un verdict, des interrogations

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Procès du séisme de Boumerdès. A première vue, l’intitulé juridique ne dérange et ne fait peur à personne. Bien au contraire, l’on aurait pu comprendre qu’il s’agissait, dans cette optique, d’un acte de justice plutôt conçu pour tirer les leçons d’un séisme et se prémunir, à l’avenir, contre de telles catastrophes naturelles. D’autant qu’un procès similaire a eu lieu déjà et ce fut une première en la matière, ces dernières années en Turquie où, selon l’avocate Fatma Benbraham, les différents accusés ont été finalement innocentés. En Algérie, jalonnée pourtant de séismes durant ces deux dernières décennies, pour ne citer que celles-ci, et compte tenu du verdict d’hier, les choses, contre toute attente, ont pris une autre tournure en impliquant l’homme dans les effets du cataclysme. Lors de l’audience suivie du réquisitoire du représentant du ministère public, avant de céder la place aux plaidoiries dans ce procès qui aura duré deux semaines, personne ne pourrait dire avec certitude si l’on pouvait situer les responsabilités concernant le drame du 21 mai 2003. Imputer celui-ci à la force de la secousse ou à la faute humaine ? Au moment du verdit, seul le juge Redouane Benabdellah savait en son âme et conscience s’il allait condamner un coupable ou un innocent. “Nous devenons maintenant des victimes du procès du séisme, alors que ce cataclysme a fait plus d’un millier de morts et des milliers de blessés seulement à Boumerdès”, ont réagi, hier, d’une seule voix, les personnes s’estimant lésées par la justice de leur pays. C’est leur droit somme toute, de réagir à un tel procès. Et c’est aussi un droit pour l’avocat Rahmouni de mentionner que “si un maître d’ouvrage est acquitté, ses principaux adjoints bénéficieront systématiquement de la même relaxe”. Ce défenseur se réfère, là, à un principe général du droit algérien et sans doute la jurisprudence universelle.

S. H.

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