Témoignages pour l’histoire

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Un véritable travail de synthèse et un réel support pour entretenir le souvenir et rafraîchir les mémoires amnésiques que ce documentaire de 52 minutes du réalisateur algérien, Ali Fateh Ayadi, sur les enfumades du Dahra. Le documentaire fait revivre l’effroyable tragédie de ce 18 juin 1945, lorsque mille Algériens de la tribu de Ouled Riah, poursuivis par les troupes coloniales du général Pélissier, seront massivement massacrés au moyen d’enfumades. Auparavant, c’était le général Cavaignac, réputé pour la brutalité de ses procédés punitifs, de faire subir le même enfermement meurtrier aux tribus résistantes de Beni Sebah de Ténès, faisant plusieurs centaines de victimes.

Le documentaire est rehaussé par le témoignage de Hadja Zohra, arrière petite-fille d’une survivante. Le lendemain du crime, Mohamed Ben Mohamed inspecte les lieux à cheval et retrouve deux survivants, deux miraculés de l’enfer : un homme, Bouhraoua et Aïcha Bent M’hamed. Le sauveur se marie avec la survivante Aïcha. De cette union naissent les grands-parents de Zohra qui récitent des poèmes populaires relatant le massacre des anciens condamnés en son temps par des consciences telles que le bonapartien maréchal Ney, qui déclare que ce n’est point comme cela qu’on mène la guerre. Le documentaire incrimine les voix apologistiques des crimes : de cocqueville, mais aussi Jules Perry. Pour l’auteur de “Coloniser, exterminer”, Olivier le Cour Grand Maison, les enfumades n’ont pas été décidées dans le feu de l’action, évoquant des “massacres administratifs”, concept emprunté à Hannah Arendt.

Nacer Maouche

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