Le jour n’avait pas encore commencé à poindre que l’attentat à l’explosif a été planifié contre ce redditionniste de la Concorde civile. Ses ex-acolytes attendaient ce moment où il s’installa dans son véhicule, après qu’il eut accompli la prière d’El Fedjr dans une mosquée voisine, pour actionner à distance une bombe artisanale, le blessant mortellement. La victime a été évacuée, a-t-on indiqué, dans un état comateux vers l’hôpital Zmirli à El-Harrach.
La forte déflagration endommageant le véhicule de l’ex-émir ciblé a arraché les riverains de leur sommeil. Et les services locaux de sécurité ne disposaient pratiquement hier matin, d’aucun renseignement précis sur les auteurs de cet attentat à l’explosif. D’autant que celui-ci, similaire aux multiples attaques ayant jalonné l’année 2006/2007 avec des dizaines de morts et blessée tant à Réghaia qu’à Alger, Boumerdès, Tizi-Ouzou ou Lakhdaria, s’est produit en quelques secondes.
Il va sans dire que l’attentat d’hier rappelle particulièrement, pour la seule région de Larbâa, d’autres attaques contres les civils et militaires, y compris au moment où l’on croyait aux vertus de la politique de pardon sous forme d’appel à la concorde ou à la réconciliation nationale.
En date du 6 avril 2005, la contrée précitée avait, en effet, renoué avec l’horreur. Lors d’un faux barrage dressé par la horde sanguinaire au lieu dit Oued Djemâa, à 7 km de Larbâa, 13 personnes ont été assassinées. Parmi les victimes, a-t-on rappelé, cinq membres d’une famille de Bouzaréah revenaient, à cet instant précis, d’une fête à Tablat.
L’attaque sanglante fut attribuée, selon des informations recoupées, aux résidus du GIA dont le nombre dépassait la vingtaine et qui agissaient alors sous les ordres d’un certain Abu Soukara.
Le chef sanguinaire entretenait donc, à son tour, la nuisance depuis 1999, voire juste après la reddition de Mustapha Kertali.
Reste donc cette période où celui-ci en tant qu’émir de la horde islamiste faisait parler de lui, aux portes de la capitale, période sanglante de 1992 à 1997, date de l’entrée quasiment officielle de l’AIS en trêve.
Peu de choses sont connues sur cet arrêt ( apparent) de la guérilla islamiste version AIS, durant deux ans. Mais pendant les cinq années précitées, commençant avec l’arrêt du processus électoral, décision prise, rappelons-le pour stopper la dérive d’un régime politique qui allait s’encoquiner, avec l’intégrisme islam-baathise d’une manière irréversible, les émirs du terrorisme de l’ex-Fis semaient partout mort, terreur et désolation. Mustapha Kertali âgé actuellement de 55 ans, fut un de ces principaux chefs sanguinaires. A la tête de la phalange Errahmene, surtout depuis son ralliement au GIA en 1994, il planifiait ses coups brutaux particulièrement au pied de l’Atlas blidéen avec des poussées jusqu’aux confins de Lakhdaria.
En plus des attaques par traitrise contre les convois militaires notamment à Djebabra ( sur les hauteurs de Meftah) et dans les maquis de Khemis-EL-Khechna, il donnait l’ordre d’exécuter les menaces contre ceux qui refusaient de se plier à leurs injonctions. Consignes de s’acquitter de le djizia, de porter le hidjab-et une lyceènne à Meftah avait été, alors trucidée sous ses ordres pour avoir refusé l’habit islamique s’ajoutant à d’autres exactions-constituaient lot des habitants de cette partie de la Mitidja. Plus loin vers l’Est, précisément à Larbatache dans le département de Boumerdès, Mustapha Kertali avait comme lieutenant un certain Cheikh Youcef. Ancien imam et élément de l’ex-FIS, celui-ci appliquait les mêmes consignes, interdisait lui aussi et l’enseignement de la langue française et la musique ( et pour un certain temps la philosophie). Avant sa repentance pour bénéficier comme Kertali des mesures de pardon dans le sillage de la Concorde civile, Cheikh Youcef avait commandité de nombreuses tueries contre les civils et les membres de sécurité.
Les émirs sanguinaires redditionnistes, à l’instar de Kertali dont le siège était situé à Djibolo, ne s’occupaient que de leurs propres affaires, et parfois servaient d’intermédiaires pour régler certains problèmes d’autres repentis. Leur point commun, c’est leur silence devant les tueries commises par leurs ex-acolytes.
Mais ceux-ci les ciblent à la moindre ocasion, comme ce fut le cas durant ces cinq dernières années particulièrement dans la wilaya de Boumèrdes. On y dénombre depuis 2002 plus d’une quinzaine de repentis tués. La simple lecture d’un tel fait laisse entrevoir cette tentative de l’islamisme armé affilié à El Qaïda Maghreb, d’endiguer le flot pressenti des redditions. La semaine passée, il y eut deux repentances, l’une à Khémis El-Khechna et l’autre à Bouira, alors que pas moins d’une dizaine d’autres terroristes auraient faussé compagnie à leurs acolytes à Yakouren sous la pression méthodique des forces de l’ANP.
Diaboliquement, l’ex-GSPC veut surtout contraindre sans nul doute tout repenti à le soutenir insidieusement tout en se fondant dans la population. L’expérience n’a-t-elle pas démontré que par ce procédé de terreur, l’ex-GSPC a fait rebasculer dans la lutte armée de nombreux amnistiés ?
Salim Haddou