La hausse spectaculaire des prix des produits de large consommation continue de défrayer la chronique. Comment les Algériens gèrent-ils cette donne ? Dans la tournée effectuée à travers des marchés de la capitale, plus précisément au » marché t’nache » au quartier populaire de Belcourt, les citoyens sont partagés entre appréhension, espérance et découragement. Pour Hadj Ramadan, septuagénaire, » les jours qui se suivent ne font que s’empirer « , et de rappeler non sans nostalgie, » les années Boumediene « , où, selon lui, le pays était bien plus clément et les gens bien plus heureux qu’aujourd’hui. Avec 70 DA pour la pomme de terre et pour la salade, 65 pour les carottes, 45 pour les tomates, notre second apostrophé, père de famille, ne cache pas ses craintes pour les jours à venir : » à ce stade, les citoyens ne pourront mettre dans leur cocotte que des épices ! « , s‘est-il étonné, allusion faite au mois de ramadhan qui est très proche. C’est justement le mois sacré qui fait trembler les pères de familles, car au rythme où vont les choses, les produits de première nécessité comme la pomme de terre, atteindrait les 90 Da. Ceci, est l’aveu même d’un jeune commerçant. Il a rappelé que depuis la maladie du mildiou qui avait ravagé les récoltes de pommes de terre, cela contribuera, pour longtemps, à déstabiliser les prix. Qu’en est-il des importations effectuées dernièrement ? Notre interlocuteur avance l’argument de la qualité. Selon lui, la pomme de terre importée est tellement de mauvaise qualité que même cédée à 40 dinars le kilo, les citoyens préféreraient les prix initiaux. De plus, renchérie-t-il, les dizaines de tonnes de la pomme de terre importée étaient destinée aux différentes sociétés et aux casernes de l’armée. Donc, celle-ci en sus de sa mauvaise qualité, n’est pas parvenu au consommateur ordinaire.
A quelques mètres où s’est installé ce commerçant, un jeune que nous avons rapproché pour avoir son opinion au sujet de ces flambées, à eu cette réponse peu ironique
: » normal !. » pour lui, les citoyens ont tellement pris l’habitude de ces hausses qu’ils ne se demandent plus pourquoi, car » ils sont fatigués « . à ses yeux, que les citoyens se plaignent des prix des consommations ou pas, les choses resteront comme telles, alors tout est devenu normal, estime-t-il.
Pour les marchands des fruits et légumes, les citoyens ont bien compris la chose ; ce n’est plus la faute aux commerçants, mais c’est celle d’un ordre établi. Par qui ? Les commerçants nous renvoient aux responsables du Gouvernement et à leurs politiques adoptées, aux importateurs et grossistes. A l’ombre des prix qui flambent, le mois de ramadan est venu un peu plus pour enfoncer les citoyens et ravir les spéculateurs de tout bord. Si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat, les risque de pénuries, de dégradation du pouvoir d’achat jadis misérable des algériens et les prémices d’une explosion sociales se profilent à l’horizon. C’est dans cette perspective que l’instance exécutive nationale de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a appelé tous les commerçants, artisans et prestataires de services en particulier les marchands de fruits et légumes, les bouchers, les distributeurs de lait et des boulangers à » faire preuve de magnanimité et de solidarité pour mettre à la disposition des consommateurs, des marchandises saines et loyales à des prix rationnels à la portée de tous et ce, au niveau national. «
Cette appel à respecter les prix des produits de large consommation déjà établis, est lancé à l’approche du moi de ramadhan, pour que les produits comme le lait, le pain, les légumes gardent des prix raisonnables dans l’objectif est de se mettre au diapason du pouvoir d’achat des Algériens et d’éviter l’anarchie dans les marchés surtout, estiment les rédacteurs de l’appel, l’Etat à travers le Ministère du Commerce, continue à soutenir les prix des matières premières et à verser les différentiels aux producteurs et transformateurs de lait, en dépit, ajoute l’UGCAA, des augmentations des prix de ces deux matières enregistrés sur la scène internationale.
Abderrahmane Mohellebi