Une commune à prendre en charge

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Bouderbala ou Drablia est située à 53 kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira et à quelque 10 km du chef-lieu de la daïra Lakhdaria. Elle est limitée au nord-est par la commune de Lakhdaria au sud par Guerrouma, au nord-est par Boukram et à l’ouest par la wilaya de Boumerdès. Elle compte environ 18 000 habitants répartis sur une superficie de 46 kilomètres carrés.

Pour s’y rendre, on emprunte la RN 29 qui relie la ville de Lakhdaria à la wilaya de Boumerdès en passant par Bouzegza et Keddara. La population souffre le martyre en raison de l’absence des infrastructures. Les conditions de vie sont difficiles et lamentables. Les jeunes sont laissés-pour-compte car la municipalité ne dispose pas de moyens d’attractions et celles existantes sont à l’abandon.

Le réseau routier : des pistes carrossables

Nous débutons notre visite par l’ancienne cité de Bouderbala qui compte quelque 900 âmes. Nous accédons par une voie d’accès en état de dégradation avancée. Les habitants qu’ils soient véhiculés ou non trouvent des difficultés pour rejoindre leurs domiciles. Des travaux d’aménagement urbain – les trottoirs – d’une largeur allant de 30 à 50 cm sont effectués le long de la route carrossable. Nous rebroussons chemin pour nous rendre à la seconde agglomération, Bouderbala, un quartier qui compte près de 2 000 âmes. La route principale est nouvellement réfectionné en béton bitumineux (BB). Nous cheminons le quartier dans tous ses sens. Toutes les voies d’accès à l’intérieur de la cité sont dégradées, certaines sont inaccessibles aux véhicules et dangereuses aux piétons. Notre interlocuteur, un résidant de la cité, nous dira: “A Bouderbala, tout se réalise après des contestations. Vous voyez ces amas de sable ? Ils sont acheminés pour nous faire taire. C’est de la poudre aux yeux”. Un silence un instant puis il ajouta : “Nous, citoyens, dispersons ce sable, chacun devant chez-soi. Tout ceci parce que la route principale qui mène au siège de l’APC est réfectionnée et revêtue deux fois de suite en fin 2006 et en juillet 2007”.

A l’intérieur du village, nous avons constaté de visu des ruelles impraticables et présentant des risques aux habitants. De là, nous empruntons encore une fois la RN 29, récemment aménagée et réhabilitée pour nous rendre à Arkoub, une agglomération située à quelque 10 kilomètres au nord-ouest de Drablia et comptant environ 3 000 âmes. Le village implanté sur le flanc de la montagne et à la limite de la forêt et est bordée par des oliveraies. Nous accédons au village par un chemin vicinal. L’état de dégradation avancé de cette voie supposerait l’état du village. Les gens sont d’une simplicité inégalée mais les conditions de vie y sont difficiles. Les bretelles d’entrées sont caillouteuses et escarpées. Ici, les habitations sont groupées et d’autres sont en zone éparse. Nous retournons à Drablia pour nous rendre au chef-lieu de la commune. La route qui mène a connu deux aménagements. Deux projets ont été alloués pour la revêtir en béton bitumeux (tapis). Le premier a été réalisé à la fin de l’an 2006 et le second entamé et réalisé en juillet 2007. Nous étions invité à visiter le village socialiste agricole “Rahmania” situé à environ trois kilomètres à l’ouest. La route principale est très étroite et dangereuse par ses virages. La bretelle d’entrée à la localité est dégradée. Le chauffeur d’un véhicule léger a eu des difficultés à faire le tour du village. A la limite du hameau, aux quatre points cardinaux, les ordures “décorent” le sol. Le village agricole “Rahmania” est un village-poubelle. Nous nous excusons auprès de la population pour cette qualification. Un citoyen, la soixantaine nous dira : “A chaque fois qu’un villageois organise une fête ou qu’une occasion se présente, nous sollicitons les responsables locaux pour enlever les ordures par crainte du regard des invités étrangers au village. Concernant les bretelles, elles sont toutes accidentées et difficiles à la circulation.” Un habitant nous dira: “Depuis la construction du VSA, aucun projet n’a été attribué à la localité. Nous vivons le calvaire. Nous sommes démunis de tout. Nous sommes marginalisés”. En effet, le village n’a aucune commodité de vie ou projets de développement passés ou présents mis à part une piste agricole qui vient d’être ouverte achemine vers deux hameaux enclavés auparavant : Ouled Omar et Ouled Youssef.

A quelques encablures de Ouled Youssef, sur le sommet d’une montagne, se trouve un cimetière où reposent 75 Chahids tombés au champ d’honneur lors d’une bataille qui s’est déroulée à l’endroit même. Le cimetière est abandonné, il ne dispose pas de clôture. “Il sert de lieu de pâturage aux bêtes et de lieu de rencontre pour les délinquants”, nous dira un citoyen. Un second, très affecté, enchaîna: “Seul un chemin piétonnier y mène. Quelques corps sont exhumés. Pourquoi cette indifférence ? Il faut revaloriser ces glorieux. Vous savez qu’un seul moudjahid a survécu. Il est de l’Oranie”.

De retour au chef-lieu de la commune, nous entamons notre visite par le site où sont implantés le lycée et le CEM nouveau. Une piste carrossable dessert les deux établissements scolaires et le stade. Une partie de la clôture du lycée est démolie suite à un glissement de terrain. Les services concernés doivent procéder très vite à la réparation et à la reconstruction de terrain. Les services concernés doivent procéder très vite à la réparation et à la reconstruction du mur car le lycée est isolé et implanté loin des habitations.

En définitive, l’état des voies d’accès aux villages est la préoccupation majeure des citoyens qui déclarent avoir fermé le siège de l’APC plusieurs fois, mais les conditions de vie lamentables sont les mêmes. En outre, il faut souligner que quelques travaux d’aménagement sont réalisés mais très insuffisants.

L’eau potable : aucun réseau AEP

A Bouderbala, le réseau AEP est inexistant. Aucune habitation n’est dotée de tuyauterie et de robinet. Seules des fontaines publiques alimentent les localités de Drablia et Arkoub. L’eau potable est acheminée par canalisation à partir des sources situées dans les montagnes vers les fontaines publiques.

A Drablia, la plus ancienne fontaine “Aïn Tala Ismlal” coule à flots et se perd dans la nature, près de 6 000 âmes s’alimentent de cette source. A Arkoub, deux fontaines ravitaillent 3 000 âmes. Pour les deux localités, près de 9 000 âmes s’approvisionnent en eau potable au moyen de bidons de cinq litres. Lors de notre visite dans les localités, nous avons remarqué que seuls des enfants dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 13 ans, s’occupent de l’acheminement de cette denrée vitale en faisant la chaîne sous un soleil brûlant. Du coup, nous avons supposé qu’un camion-citerne acheminera l’eau potable car des bidons étaient déposés tout le long de la route devant les habitations. Un jeune enfant nous dira : “Nous déposons nos bidons dans ces endroits pour les remplir sans anarchie et sans dispute. Nous faisons des va-et-vient”.

L’APC de Bouderbala n’a malheureusement pas bénéficié de projets AEP. La population souffre et vit le calvaire. Partout où nous sommes passé, les villageois nous signalent l’état des routes et celui du réseau hydraulique. Un citoyen de Drablia nous déclara : “Dans les années passées où l’eau manquait, le citoyen devait attendre 36 jours pour que son tour arrive. Il faut louer une citerne durant cette période pour subvenir aux besoins de la famille”.

La jeunesse, la culture, le sport

Le secteur de l’éducation et de la culture

Bouderbala compte 18 écoles primaires, un lycée et deux CEM implantés au chef-lieu de la commune et à Drablia. Le lycée accueille tous les élèves admis en première année secondaire. Le taux d’admission aux différents examens est acceptable.

Nouvellement construit, le lycée est implanté à quelques encâblures du siège de l’APC et isolé des habitations. La clôture en dur est effondrée suite à un glissement de terrain. La reconstruction du mur écroulé éviterait les risques d’effraction et de cambriolage. La municipalité dispose d’un Centre culturel. L’état dégradé de cette enceinte culturelle démontre qu’aucun projet de rénovation n’a été effectué. L’extérieur de la bâtisse n’a pas été repeint depuis plusieurs années.

Quant aux activités, le Centre culturel ne joue pas son rôle d’édifice de culture, d’animation car il manque de moyens et d’équipements. Les jeunes ne le fréquentent que rarement. La DJS doit équiper ce centre qui regrouperait les jeunes et leur permettrait de briser la routine et l’amertume que vivent les jeunes de Bouderbala.

Le sport : une activité en agonie

Les infrastructures sportives existent mais malheureusement elles sont dégradées et abandonnées. Le laisser-aller et l’indifférence sont apparents. Les jeunes que nous avons rencontrés ont tous soulevé et dénoncé l’isolement et la marginalisation. Le sport n’est pratiqué que dans les établissements scolaires.

En 2005 une enveloppe budgétaire de 600 millions de centimes a été allouée pour l’aménagement du stade communal situé à Drablia, néanmoins, la qualité du travail effectué n’était que du rafistolage. Ni l’aire de jeux, ni les vestiaires ni la clôture ne démontrent qu’une telle somme aurait été dépensée pour la réfection du terrain. La clôture en dur est démolie par endroits, les vestiaires sont dépourvus de portes, de fenêtres. Ces locaux sont devenus, aujourd’hui, des toilettes publiques ou des étables pour les vaches. C’est un constat visuel et nous avons éprouvé un sentiment de désolation.

Quant au second terrain situé au village agricole “Rahmania”, il a l’air d’un terrain plat implanté dans le lit d’un oued. La surface de jeu est caillouteuse et présente des risques. Des jeunes nous ont signalé que seuls des tournois de football inter-localités sont organisés. Ces tournois sont initiés par l’ancien entraîneur de l’équipe locale de football ASCB. Pour ces jeunes, cet initiateur qu’ils appellent “Ami Sadek” les regroupent et leur crée de l’animation. Certains avouent qu’il est leur père spirituel dans le domaine du football. Cette année, aucune activité sportive n’est à l’horizon, cependant, les jeunes le contactent pour qu’il organise un tournoi. Ils avouent que “Ami Sadek” est indécis.

En effet, l’équipe “ASCB” a joué les premiers rôles dans le championnat de wilaya. Les élus sont appelés à relancer la pratique du sport-roi en engageant l’équipe de football et de permettre aux jeunes de s’occuper, de se distraire…

La réfection et l’aménagement de ces terrains demeurent une nécessité. Les responsables concernés doivent établir une fiche technique et procéder à la réhabilitation de toutes les aires de jeux situés à Drablia, à Bouderbala et au VSA et prévoir des terrains combinés surtout dans les agglomérations secondaires telles que Ouled Omar et Ouled Youcef qui sont démunies de toutes infrastructures.

Le secteur de la santé

La commune dispose d’une polyclinique. Différents services sanitaires sont mis à la disposition de la population. Il s’agit de la médecine générale assurée par deux médecins, un cabinet dentaire (un médecin) et un service chargé de l’hygiène scolaire assuré par un médecin et des infirmiers.

Les citoyens déclarent qu’ils sont satisfaits du service et de l’accueil qui leur est réservés. Concernant l’hygiène scolaire, ce sont les élèves qui se déplacent au centre de santé. Le transport est assuré par l’APC. En revanche, la DSP doit mettre à la disposition de son personnel d’autres moyens et d’autres équipements à savoir une ambulance…

Les services administratifs et le citoyen

A entendre les déclarations et les discussions des citoyens, une barrière existerait entre l’administration locale et les citoyens. Les problèmes soulevés par les gens concernent toutes les localités et sont identiques. Les citoyens critiquent la lenteur dans l’étude des dossiers, notamment ceux qui concernent l’habitat et la construction.

Les antennes communales implantées à Arkoub et au VSA sont fermées. Celle de Arkoub réalisée en 2005 demeure toujours fermée depuis l’achèvement des travaux. Elle a été cambriolée. Les responsables locaux doivent ouvrir et mettre à la disposition de la population ces deux annexes administratives car les citoyens de cette localité parcourent près de 10 kilomètres pour se faire délivrer un extrait de naissance ou un document quelconque.

Au siège de l’APC, des citoyens attendaient le P/APC pour les recevoir, malheureusement le premier magistrat de la commune était absent ce jour-là lors de notre passage où nous aurions souhaité une audience.

Développement rural : aucune perspective

L’APC de Bouderbala est une commune qui n’a pas de ressources. Les budgets alloués pour le fonctionnement et la gestion sont attribués par la wilaya. Commune rurale, des projets entrant dans ce cadre sont d’une nécessité absolue.

Les citoyens ont bénéficié de l’aide en vue de rénover et de réaménager leurs habitations dégradées par le séisme de Boumerdès.

Un projet de 70 logements est réalisé, il reste l’octroi qui se fera dans les jours à venir.

En définitive, Bouderbala est une commune qui devrait être prise en charge pour sortir du sous-développement et surtout bénéficier de projets qui lui permettront un essor. La DTP doit établir une fiche technique pour toutes les voies d’accès des localités de la commune en lançant des projets pour l’aménagement urbain. La DJS doit réhabiliter les terrains de football existant et équiper le Centre culturel de la municipalité. Les services de la wilaya sont invités à prévoir des projets entrant dans le cadre du PPDRI.

A. Bouzaïdi

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