L’ouverture de la dixième édition du Festival du malouf

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Les mélomanes du malouf auront rendez-vous avec ce genre musical, lors de la dixième édition du Festival du malouf qui ce tiendra du 19 au 22 août à Annaba. Cette manifestation se veut pour ressusciter « el quaâdat » du bon vieux temps, ainsi que pour faire le bonheur des amateurs de cette variété musicale.

Pour cela, un programme riche et varié a été concocté pour la circonstance par l’Office pour la culture et le tourisme de la commune d’Annaba, organisateur de ce festival. En outre, et afin de rendre hommage aux grands artistes qui ont servi la scène culturelle, et surtout la musique algérienne, par leurs airs musicaux, leur voix, leur talent et leur création, et qui étaient peu à peu « omis », tel le grand Hassan El Annabi et d’autres artistes qui méritent d’être ressuscités. Des conférences et une exposition seront, entre autres, consacrées au parcours artistique du défunt Hassan El Annabi et à ses œuvres, qui ont marqué la culture algérienne. Ce rendez-vous culturel prévoit, selon ses organisateurs, des soirées de variétés qui seront animées par un bouquet de chanteurs connus du grand public.

Par ailleurs, et pour honorer ce grand maître, le coup d’envoi de cette festivité a été réservé à la troupe de l’Association des amis et des élèves du défunt qui porte son nom. De plus, cette cérémonie sera marquée également par un ensembles d’hommages rendus aux grands maîtres de ce genre musical qui est le « malouf » qui n’était guère connu jadis, et c’est grâce à ces artistes qui ont pu dévoiler cette musique surtout durant la période coloniale où il était extrêmement difficile, ou même impossible de pratiquer les activités culturelles par leurs variétés, tel cheikh Zerrouk Abdelaziz connu sous le surnom artistique de Kaddour El Annabi, en guise de reconnaissance à sa contribution à la promotion de la culture en général et de la chanson malouf en particulier. Le défunt artiste Hassan El Annabi à qui ce festival est dédié est un nom écrit en lettres d’or au registre du patrimoine musical algérien. Le regretté Cheikh Hassan El Annabi, de son vrai nom Hassan Aouchal, est né le 20 novembre 1925 à El Kseur près de Béjaïa. A l’âge de 14 ans, il quitta les bancs de l’école pour s’intéresser à l’art et aux grands artistes comme Cheikh Tidjani, Ahmed Benaïssa et Cheikh El Okbi. La première apparition du regretté devant le public eut lieu à Souk Ahras en 1948 en compagnie des frères Benzerka. Son premier disque sorti en 1958 a été le vrai début de sa popularité et sa célébrité avec les chansons Fatma Rouh Ya Bani L’ourchan et Jesmi Fana. Les dons de cet artiste ne se sont pas limités au malouf, mais se sont étendus au théâtre où il fit plusieurs tournées en compagnie du défunt Mahiedine Bachtarzi et joua dans les pièces La victoire de la vérité et Le dernier adieu.

La création de l’école annabie du malouf a complété le succès de cet artiste décédé le 30 septembre 1991 non sans avoir donné à Annaba ses lettres de noblesse dans l’art du malouf. Ce dernier est une musique classique algérienne héritière de la musique arabe, basée sur un système de 24 noubates, qui sont les règles théoriques et inchangées depuis la fin du IXe siècle, ces noubates se sont maintenues grâce à une tradition orale dans laquelle mélisme, et autres ornementations restent difficiles à symboliser par le système de notation emprunté à l’Occident.

Cette musique s’est implantée dans la culture de plusieurs grandes villes du Maghreb : Fez, Tlemcen, Alger, Constantine, Tunis, Annaba… Basée sur des mélodies, elle a subi les influences des régions où elle était perpétuée, trois grandes écoles se sont distinguées : celle de Tlemcen (se revendique de Grenade), celle d’Alger (se revendique de Cordoba), et enfin celle de Constantine (se revendique de Séville). Ce genre musical, « le malouf », était réservé à la caste bourgeoise durant l’époque coloniale, chose qui est totalement différente actuellement. Il est en effet à la portée de toutes les catégories sociales d’écouter cette musique. De brillants noms ont marqué la scène musicale et qui ont fait le bonheur des familles tel que cheikh Raymond, qui était considéré comme symbole de la ville de Constantine, ainsi que pour sa musique qui l’a rendu emblématique. D’autres noms figurent sur la scène musicale de ce genre : El Hadj Mohamed Tahar Fergani qui est toujours en vie et qui demeure le maître absolu, ainsi que Hamdi Benani et d’autres artistes qui méritent d’être ressuscités aujourd’hui et…. demain.

Kafia Ait Allouache

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