“La marche victorieuse du calendrier”

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La chronique de Slimane Laouari

Y aura-t-il une rentrée ? la question est bien sûr saugrenue, puisque, « rien ne peut arrêter la marche victorieuse du calendrier », pour reprendre un graffiti très en vogue dans les toilettes de nos casernes des années 80 où nos jeunes appelés, pressés d’en finir avec deux ans de laborieuse bidasserie, s’en remettaient à la confortable certitude du temps qui passe. Y aura-t-il fatalement une rentrée pour autant ? Coté politique, la réponse paraît évidente, puisque théoriquement, il n’y a pas eu de départ. Ceux qui sont aux affaires, les ministres en tête, étant sommés de rester en place pour suivre les « dossiers sensibles », nous ne verrons théoriquement pas de tronches bronzées et pétant la forme se remettre au boulot. Ils sont censés ne l’avoir jamais quitté, occupés qu’ils étaient à nous trouver des pommes de terre et du lait à un prix inférieur à la peau des fesses. Des pommes à servir en ragoûts pour convaincre nos progénitures de ne pas aller les servir en slogans sur les gradins des stades de foot. Ceux qui ne sont pas aux affaires, donc théoriquement dans l’opposition, avaient eux aussi des – d’autres peut-être – raisons de s’infliger une colle. S’il est vrai qu’ils ne s’occupent plus de patates depuis longtemps, « la chose » étant indigne de leur rang, il reste que la salade électorale en perspective mérite bien le sacrifice de quelques jours de trempette et d’encanaillement. Zerhouni ayant relevé l’assaisonnement sans pour autant relever le prix, les partis — ou ce qui va en rester — sont logiquement prêts à livrer une bataille dont ils ne connaissent pourtant pas toutes les règles du jeu.

Ce n’est pas grave ! On se prépare et on attend. Il y a toujours à gagner et rien à perdre, quand on ne s’occupe pas de pommes de terre et qu’on se bouche les oreilles pour ne pas entendre les détonations d’Amdjoudh. La guerre à Al Qaida est l’affaire de l’armée, le prix du tubercule et du lait, l’affaire de ceux qui se sentent obligés d’en faire des aliments de base. L’été tire à sa fin, si, bien sûr, il reste prisonnier du calendrier. Rien ne l’y oblige, comme rien ne semble obliger les politiques à se mêler de ce qui nous regarde.

S. L.

P.S : Regard dépoussiéré sur l’actualité, cet espace quotidien est sans prétention. Chronique ? Je ne le sais pas vraiment, ce genre étant un exercice qui requiert des techniques dont la maîtrise n’est pas à la portée de tous. Aboutissement d’une longue carrière de journalistes émérites, la chronique est le « repos fatigant » de professionnels soucieux de terminer en beauté, un rang auquel, sans fausse modestie, je ne prétends pas. Ces lignes seront un rendez- vous humble avec les fidèles du journal dont j’écouterais avec attention les échos.

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