Bien que cette commune soit touchée pratiquement chaque année par les feux de forêt, la journée de mercredi dernier a été la plus dévastatrice de ces dernières années. Avec la température qui a atteint parfois les pics de 45°C, au moins cinq foyers se sont déclarés sur tout le territoire de la municipalité. Les villages les plus touchés sont Tafoughalt, Imzoughen, Ighil El Vir et les hameaux environnants. des dizaines d’hectares ont été ravagées par les flammes. Aussi bien les citoyens que les élus n’ont rien pu faire devant les feux attisés par des vents violents. Quant aux moyens pour y faire face, ils étaient inexistants. La seule unité de Protection civile de Draâ El Mizan qui souffre aussi du manque d’engins appropriés pour de telles interventions et d’un manque d’effectifs était déjà sur les lieux au niveau de la commune de Draâ El Mizan où des habitations étaient menacées par les flammes à Sanana et à Ichoukrène. Devant l’ampleur des feux, il a fallu surtout veiller sur les maisons jouxtant les bois. Au village de Sanana, des femmes ont été évacuées à l’hôpital après des chocs reçus à cause des flammes qui arrivaient jusqu’à leurs portes. S’il n’y a pas eu de victimes à déplorer (heureusement ! ) en revanche, les oliviers ont été décimés laissant ainsi plusieurs agriculteurs ruinés. “C’est une perte sèche. Il ne me reste rien. C’est la deuxième fois que mes oliveraies sont touchées en l’espace de trois ans. Il faudrait multiplier les pistes agricoles. Où sont les secours ?”, déplore un habitant de Taoughalt qui essayait en compagnie de quelques jeunes d’éteindre les flammes au moyen de branches d’arbres. La perte est aussi du côté des éleveurs de poulets. A Tafoughalt, des jeunes ont vu leurs poulaillers entièrement calcinés par l’ampleur des flammes qui ne leur ont donné aucune chance d’intervenir. La perte est estimée à plus de deux mille poulets prêts à la consommation. Atterré par cette catastrophe, l’un de ces éleveurs ne trouve pas les mots pour exprimer son désarroi. “Il a fallu que je fasse un emprunt pour laisser cet élevage. En une fraction de seconde, tout est parti en fumée. Que dois-je faire pour rembourser ces dettes ?”, se lamente ce jeune homme en pleurs. En somme, cette journée caniculaire de mercredi noir a été vécue par les citoyens de toute la région de Draâ El Mizan comme une apocalypse. Cependant, les personnes atteintes de maladies respiratoires ont souffert toute la semaine, alors que de nombreux cas ont été signalés par les services de la santé. Il y a lieu de souligner qu’aucun plan n’a été déployé en dépit des cris lancés par la population. Le maire d’Aït Yahia Moussa que nous avons rencontré en train de se démener dans toutes les directions, paraissait être dépassé par cette catastrophe. “Nous avons sollicité de l’aide partout, mais les moyens font défaut. Dans le meilleur des cas, ils sont mis à la disposition d’autres communes où les incendies ont débuté dans la matinée”, nous a-t-il lancé au passage. Au lendemain de cette catastrophe, il ne reste plus rien que des cendres et quelques fumées. L’heure est à l’estimation des dégâts. Y aura-t-il au moins une compensation de la part des pouvoirs publics ?
Amar Ouramdane
