Hocine Aït Ahmed est-il vraiment parti un jour du pays pour qu’à chaque séjour dans son pays, les médias et l’opinion d’une manière générale en font un événement ? Y compris dans les propres rangs de son parti, le refrain du grand retour est maladroitement repris, dans une belle unanimité, avant que son départ quelques jours après ne soit salué avec le même enthousiasme consensuel. Il y a pourtant bien un paradoxe dans l’attitude de ces militants du FFS et plus largement des sympathisants de cette grande personnalité. Quand Hocine Aït Ahmed, pour une raison ou pour une autre décide de venir en Algérie, les espoirs qu’il suscite chez ses partisans et sympathisants sont toujours liés aux frustrations dues selon eux à son absence du pays. Implicitement, cela voudrait dire que beaucoup de choses pourraient être faites s’il était présent en permanence à leurs côtés. Et s’ils regrettent à ce point son exil, cela bat donc en brèche l’illusion entretenue au sein de l’appareil du FFS et rarement contestée chez les militants, que le fait qu’il vive à l’étranger, par delà le choix personnel qui mérite le respect, relève d’une attitude politique de grande portée stratégique. Ce n’est bien sûr pas sur ce point que les troupes de ce parti trouvent à redire. Du fait même qu’elles sont là et pas ailleurs, elles adhèrent à l’essentiel, c’est-à-dire tout ce qui peut venir de leur leader. Et le leader ne se trompe jamais. Si la désignation des premiers secrétaires successifs qui ont soulevé des vagues de différentes hauteurs est de son ressort exclusif, on vous dira toujours qu’il a été mal informé ou trompé, jamais que si cela a été possible, c’est parce que Aït Ahmed est loin de ses structures. Cela s’est pourtant pas mal passé pour le FFS qui, en dépit des grandes saignées qu’il a connu dans ses rangs a démontré qu’il avait encore des ressources qui lui permettent de régner encore en Kabylie, ses ambitions nationales en dépit de son discours officiel étant rangées depuis un moment déjà. Et si çà s’est plutôt bien passé, c’est encore grâce à Hocine Aït Ahmed qui a su assurer les équilibres. S’il prenait ses décisions tout seul ou en cercle restreint, il ne s’est jamais aussi franchement rangé du côté de sa direction à l’occasion des crises cycliques qu’elle a connue avec des militants et des structures du parti. Jamais, avant la dernière protestation où des militants ont été tabassés pour avoir exprimé leur différence. Mais ses militants, de 63 ou d’après vous le diront : la lettre de Hocine Aït Ahmed qui les a traînés dans la boue tout en louant les mérites de « Si Ali, la crème des hommes » – Ali Laskri – leur a fait plus de mal que les coups de bâton pris au siège, qu’ils appellent désormais le « piège ». Pourront-ils dire cela de vive voix à leur leader ? On en doute. Aït Ahmed est là, c’est bien. Qu’il reparte, c’est tout aussi bien.
S.L
PS : J’ai été passablement froissé par quelques messages électroniques qui me reprochait le mot de sympathie que j’ai eu dans cet espace envers le général Smain Lamari avant d’être réconforté par… Ali Benhadj. Si ce dernier a descendu en flammes le chef du contre espionnage algérien, c’est qu’il était vraiment un type bien.
Salimlaouari@yahoo.fr
