Belcourt by night kif, délinquance et zombreto

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La deuxième sortie effectuée hier soir par les éléments de la Gendarmerie nationale en compagnie de Nasreddine Dib, de la Fondation pour la protection de l’enfant et de l’adolescent dans quelques quartiers sensibles de la capitale pour  » détecter  » les endroits où se regroupent les jeunes délinquants qui s’adonnent à la drogue et différents types de stupéfiants et aller à leur rencontre, n’a pas eu les résultats escomptés. En effet, que ce soit au Jardin d’essais, aux plages les Sablettes et Sogedia ou à Maqâm Echahid, la nouvelle de la visite des gendarmes et surtout de la presse et des  » redoutables photographes  » n’a pas tardé à se propager telle une traînée de poudre. Les premiers à s’apercevoir de notre présence se sont vite mobilisés pour prévenir leurs camarades et les téléphones portables se sont avérés d’un grand secours pour ces jeunes et les mineurs notamment qui se sont volatilisés dans la nature et ont rejoint leurs petits refuges.Donc, on n’a eu droit qu’à quelques-uns de ces gens de la nuit qu’on a pu surprendre dans leur plaisir de boire et de sniffer dans des endroits qu’on ne pouvait même pas soupçonner et ceux qui pensaient qu’ils n’avaient rien à se reprocher en se faisant plaisir sans nuire à personne pour fuir ainsi les agents de l’ordre.Première destination : Jardin d’essais d’El Hamma. Ce bijou national détourné de sa vocation de coin de détente, est devenu un véritable refuge pour les délinquants mineurs de 14 et 15 ans qui se donnent rendez-vous dans cette grande forêt après 23 h pour passer du  » bon temps « . La multitude d’accès qu’a ce jardin sur la rue Hassiba, le boulevard Belouizdad, le stade du 20-Août et sa mitoyenneté avec l’hôtel Sofitel n’est pas pour faciliter la tâche des gendarmes. L’absence d’une structure spécialisée dans la protection de ce patrimoine national est pour beaucoup dans la dégradation que subit le Jardin d’essais depuis quelques années déjà.Un élu de l’APC de Belouizdad nous a affirmé que les services de la Gendarmerie nationale, le mouvement associatif et les collectivités locales doivent s’impliquer davantage dans la sauvegarde de ce patrimoine et la lutte contre la délinquance juvénile pour reprendre les choses en main. Un plan d’action est en préparation pour prévenir ce fléau social qui est accentué par les conditions du quartier populaire de Belcourt. Une structure relevant du ministère de l’Agriculture prend en charge la sécurité du jardin. La fondation de M.Dib a également tracé un programme qui vise à récupérer les mineurs et à les protéger contre l’oisiveté et le vide qui tue. Un travail de recensement a déjà été effectué par fiche et par secteur, et une colonie de vacances ainsi que des sorties à la plage sont programmées pour les enfants non structurés. Les cellules d’écoute créées dans un premier temps au niveau de la sûreté des wilayas d’Alger, de Annaba et d’Oran pour aller à la rencontre des délinquants même à l’intérieur des centres de rééducation ont eu des résultats probants.Les collectivités locales ont de leur côté préparé un programme pour redynamiser les comités de quartier, créer 4 médiathèques et 3 bibliothèques au niveau des établissements scolaires pour retenir les élèves les lundi et jeudi après-m idi, construire deux salles de cinéma et convertir l’ex-cinéma Roxy, actuellement abandonné au profit des mineurs qui l’ont squatté pour se droguer, en vue d’en faire un conservatoire. Après plusieurs démarches judiciaires et des procédures très lentes pour récupérer les lieux, l’APC procédera dans quelques jours à la construction d’une clôture qui empêchera l’accès à ce haut lieu de plaisir interdit. Au-delà des efforts consentis par toutes ces parties, rien ne se fera sans l’implication effective de l’autorité parentale, car il faut reconnaître qu’il y a délaissement et fuite de responsabilité de la part de certains parents et que le mal commence souvent dans des endroits dits sécurisés et des lieux commerciaux où fleurissent les marchés informels et la vente de drogues et d’alcool.A notre arrivée à la plage les Sablettes, on a rencontré des jeunes et des personnes d’un certain âge qui dormaient dans des baraques, des vannes d’eau ou carrément en plein air. Des gens qui, pendant la journée guettent le port et sautent sur tout ce qui bouge, et la nuit partagent leur butin avec la bénédiction du  » petit Pacca « , un vieux quinquagénaire qui vit à ce rythme depuis 22 ans et qui est respecté par tous  » les vagabonds  » du port qui ne contestent jamais son partage.Dernière destination, Riyad El Feth, là on a fait connaissance avec des  » buveurs et des drogués  » d’un autre genre. Des  » papiches  » installés dans des véhicules  » akher ayta  » reçoivent leur drogue à l’intérieur même de leur voiture par les vendeurs de stupéfiants qui sillonnent les ruelles de Maqâm Echahid. Ils sont issus de familles aisées, ils ne manquent de rien et pourtant ils se trouvent dans la même situation que d’autres qui n’ont pas vraiment eu la vie facile. Les problèmes diffèrent, les causes aussi, mais l’issue est la même. Ils s’adonnent à l’alcool et à la drogue pour fuir une certaine réalité.

H. Hayet

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