Le patron du RND, Ahmed Ouyahia, n’a pas la réputation d’un opposant enflammé et quand, sur des questions précises et souvent sensibles, il lui arrive de hausser le temps, cela suscite invariablement deux types de réaction.
Le premier vient de ceux qui, par le truchement d’un insaisissable fait accompli, ont décidé qu’aucun coup de gueule, qu’il soit politique ou managérial, n’est possible quand il vient de personnalités qui ont fait toutes leurs classes dans le sérail. Il faut dire que » les hommes du système « , un statut que l’ancien chef du gouvernement a l’honnêteté de revendiquer haut et fort, nous ont rarement habitué au propos critique et à l’idée novatrice au point où ce genre de certitudes semble définitivement consacré. Episodiquement, l’opinion peut apprécier quelque proposition qui procède de l’évidence ou parfois même de la pertinence, mais on y met tellement du cœur à la relativiser, à la » situer dans son contexte » et surtout la greffer à des desseins réels ou virtuels qu’elle rejoint la corbeille de non événements décidément plus nombreux que les événements.
Le deuxième type de réaction, s’il est de moindre ampleur parce que souvent circonscrit dans le microcosme, est par contre plus emballant par ce qui l’accompagne comme interrogations croustillantes.
Ainsi, il se passe toujours » quelque chose au sommet » quand Belkhadem et Ouyahia ne disent pas la même chose, quand Louiza Hannoune s’attaque à Temmar et épargne Bouteflika ou quand Bouguerra Soltani se laisse aller à des déclarations qui nous font oublier qu’il est ministre d’Etat. La star incontestée de ces
» choses qui se passent au sommet » est le remaniement gouvernemental. Toujours aussi certain qu’imminent, il peut intervenir à tous moments, que cela réponde ou non à une logique politique d’alternance et de choix conjoncturel des hommes. Mais le nec le plus ultra aujourd’hui est suscité par la maladie du président de la République et la succession supposée ouverte.
Tout le monde est censé savoir combien le général Mohamed Touati et Belaid Abdeslam sont différents et de ce fait rien n’empêche qu’ils se livrent à la polémique publique quand bien même elle se déroulerait entre » retraités « . Mais le contexte
-encore et toujours- et l’absence de tradition font que ce genre de débat n’est jamais gratuit. Comme pour Ouyahia qui » doute de l’efficacité du gouvernement » actuel et de ses capacités à trouver les bonnes solutions aux problèmes les plus cruciaux qui se posent au pays, l’explication est à portée de main : la rentrée promet toujours du nouveau, surtout que les ingrédients ne manquent pas. Un Président dont les Algériens ne sauront vraisemblablement jamais la nature de la maladie, un front social en ébullition, une toute proche échéance électorale et des hommes du système en guéguerre, il y’a de quoi se frotter les mains. Au sein du microcosme et au-delà.
S. L.
PS : » Non seulement les députés et les sénateurs ne servent à rien et ne pensent qu’à se remplir les poches, mais en plus ils nous font souffrir à chaque fois qu’ils se réunissent « . Réflexion du chauffeur de taxi qui me ramenait hier au boulot alors que nous étions pris dans un bouchon d’enfer sur le boulevard Che Guevara.