L’utile et l’accessoire

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Comme premiers résultats aux  » mesures incitatives  » au vote du ministre de l’Intérieur, il n’y a apparemment pas pire. Non seulement les citoyens destinataires du courrier de Yazid Zerhouni ne semblent pas se précipiter sur leurs crayons pour y répondre, mais la décision semble a priori produire l’effet contraire de celui qui l’a motivée. Et c’est le ministre de l’Interieur qui le déclare, ceux qui ne repondront pas seront rayés des listes des circonscriptions où ils ont été sollicités. Tous ceux dont l’enthousiasme n’a pas été soulevé par la lettre des collectivités locales n’étant pas censés disposer d’une autre résidence- donc d’un autre lieu de vote- beaucoup de citoyens ne figureront tout simplement sur aucune liste électorale. Ce n’est pas tout. Les autres, c’est-à-dire ceux qui, par souci de se tenir  » en règle avec l’administration  » ou par quelque autre reflexe machinal se sentiront obligés de répondre, n’auront pas forcément le même reflexe d’aller déposer un bulletin dans l’urne. Le souci  » légaliste « n’implique pas automatiquement le  » politiquement correct  » chez l’Algérien à qui manifestement on veut vendre par concomitance une mise à jour administrative qui relève d’une obligation à laquelle on est tenu de souscrire et l’exercice du vote qui relève d’un droit auquel on peut renoncer, par paresse ou par conviction politique. Jusqu’à preuve du contraire le vote n’est pas obligatoire dans la Constitution algérienne et s’il l’est dans d’autres pays à la démocratie bien assise, cela veut sûrement dire que ce n’est pas une mauvaise chose. Mais les mesures administratives, quand bien même elles seraient  » incitatives  » ont déjà montré toutes leurs limites. Déjà que du temps où la carte de vote était assimilée à un document d’identité, elles n’ont pas donné des miracles, il ne doit pas y avoir grand monde à s’y résigner aujourd’hui que  » la chose  » est quand même tombée en désuétude. Le taux de participation sera vraisemblablement plus élevé aux prochaines élections locales que lors des législatives passées. Mais non seulement ce ne sera pas parce que des milliers d’Algériens auront répondu à la lettre les sommant de  » préciser leur lieu de résidence « , mais parce que, quelle que soit leur désaffection pour les élections, ils se sentent toujours plus concernés par un suffrage de proximité duquel ils ont toujours quelque chose à espérer que des législatures dont ils ne se font aucune illusion depuis bien longtemps. Pour rester dans l’évidence, une élection est donc avant tout un rendez-vous politique. Qu’on s’y rende dans les proportions les plus élevées ou les plus rachitiques cela procède d’une attitude politique. Le reste n’est qu’accessoire, peut-être utile quand il consiste à assurer les meilleures conditions matérielles de déroulement de l’opération, jamais déterminant.

S.L

PS : Il n’y a qu’au Mouloudia d’Alger, un club où décidément rien ne se fait comme ailleurs, que  » le politique  » n’est pas déterminant, puisque son actuel président a été élu grâce à une erreur de l’ ancien joueur Azouz qui a glissé deux bulletins au lieu d’un dans l’urne. Ce qui a pénalisé en plus le candidat de son choix. Réaction croustillante en privé de Ali Bencheikh :  » Au temps où il (Azouz) picolait, il n’aurait jamais fait une bourde pareille. Je lui conseille vivement de reprendre la bouteille ».

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