Trois faits, différents par leur nature, mais assez proches dans leur singularité, ont retenu mon attention dans l’actualité d’hier. Si la presse nationale et régionale a dans son ensemble relaté l’accord survenu au sein de la tripartite sur l’augmentation des salaires dans la Fonction publique, quelques journaux, plus futés que les autres, ont eu à publier quelques « extra », dont les salaires du président de la République, du chef du gouvernement et des ministres ont été les curiosités les plus attirantes.
Présentée comme un effort de transparence dans les revenus des plus hauts responsables du pays, » l’information « , maintenant qu’elle est parvenue au commun des Algériens, peut séduire. Si des Algériens parmi les plus socialement démunis peuvent découvrir avec stupeur l’écart qui sépare leurs mensualités- quand ils en ont une-de celles des gens du sommet, ce n’est pas pour autant le plus révoltant. Il se trouvera même parmi les citoyens les moins informés qui, les yeux écarquillés, vont s’interroger : » C’est tout ce qu’ils gagnent ? « . Parce qu’après tout, un salaire de cent vingt mille dinars n’est pas aussi élevé que ça au vu du coût de la vie, il devient pour ainsi dire un argument de contestation plutôt par son indigence que par sa consistance.
Conclusion, il y a plus d’Algériens scandalisés par le train de vie et les biens acquis avec des salaires » aussi bas » que ceux qui contestent le volume de ces mêmes salaires, ce qui relativise, s’il ne le réduit à une poudre aux yeux, cet » effort de transparence « . Dans un tout autre registre, l’autre fait de la semaine relèverait plutôt du gag de mauvais goût s’il ne concernait pas un sujet aussi important que le transport des Algérois. Ah, les taxis de la capitale ! Ils ont une direction précise, négocient le prix des courses alors qu’ils sont dotés de compteurs, ne travaillent pas de bon matin, se reposent entre midi et quinze heures, vous déposent d’autorité à un demi-kilomètre de l’endroit où vous voulez aller, vous envoient chercher de la monnaie, vous interdisent de fumer et se le permettent à eux-mêmes et, par dessus tout, sont introuvables quand vous en avez le plus besoin.
Et c’est le ministère des… Affaires religieuses qui vient à notre secours pour améliorer les choses ! Ne rigolez pas, en plus de régenter notre spiritualité, Ghlamallah vient d’obtenir enfin le registre du commerce qui lui a été jusque-là refusé pour la création d’une société de taxis qui va être gérée par les Waqfs. Je n’ai vraiment pas envie de commenter.
Le troisième et dernier fait à attirer mon attention concerne l’inénarrable Bônois, Aissa Ménadi. Patron du syndicat de Mitt Steel, président du club de football l’USM Annaba et depuis les dernières législatives député, il dépense sans compter, achète des joueurs à tour de bras, jure de détrôner les plus grandes équipes, bombe le torse et menace de sa foudre s’il ne gagne pas le championnat. Sa dernière trouvaille ? Le stade sera gratuit pour les supporters de Annaba pendant toute la saison sportive.
Y’ a-t-il quelqu’un pour lui demander d’ou viennent les milliards de l’employé syndicaliste, comment compte-t-il ouvrir aux quatre vents un stade qui ne lui appartient pas et comment il va faire pour gagner un titre en automne ? Je n’ai pas plus envie de commenter.
S.L
P- S. : Rencontré hier à la Maison de la presse, Ahmed Méliani nous a informé que contrairement à ce qui a été écrit dans certains journaux, il n’a pas démissionné. Il ne nous a pas dit d’où.