La tradition a été encore une fois honorée en Algérie. Le classique de la flambée des prix des produits de large consommation à la veille de chaque mois de Ramadhan est respecté et les prix des fruits et légumes s’envolent sous l’effet de la spéculation et des pratiques déloyales des commerçants dans un marché encore amplement dominé par l’informel.
Chaque année, c’est la fièvre des prix au début du mois sacré et c’est généralement les commerçants séduits par le gain facile qui sont montrés du doigt dans cette flambée des prix et accusés de faire monter les prix pour réaliser de grands bénéfices.
La mercuriale des prix a atteint son point culminant dans la majorité des marchés populaires d’Alger et le pouvoir d’achat des consommateurs vient de prendre encore un coup à une semaine du mois de carême renommé pour être une période de grosses dépenses.
Pour preuve, depuis que les prix se sont embrasés, l’activité des marchés a connu une baisse spectaculaire et les consommateurs ne se bousculent pas sur les fruits et légumes, comme c’est le cas au marché de Bab El Oued réputé pour la très grande affluence de la clientèle. Les causes de ces flambées devenues courantes sont expliquées par certains commerçants par la baisse des quantités de fruits et légumes proposées, ces derniers jours, par les marchés de gros. D’autres s’attendent à voir encore les prix s’élever à l’approche du Ramadhan pour observer ensuite une courbe descendante à partir de la deuxième semaine de ce mois. Un petit inventaire des prix pratiqués actuellement dans les plus grands marchés d’Alger nous renseignera sur l’ampleur de cette flambée et l’embarras des pères de famille devant des produits qu’ils ne pourront payer. La courgette très prisée par les ménagères en ce mois et qui était cédée, il y a quelques jours, à 60 dinars, a presque doublé de prix pour atteindre les 100 dinars à » Laaqiba « , » Ali Mellah « , » marché T’nach » et Bab El Oued alors qu’il y a moins d’une semaine, ce produit était vendu à 30 dinars. D’autres produits maraîchers ont connu le même sort comme c’est le cas de la salade verte, du poivron et de la tomate proposés à 60 dinars le kg. La carotte de Biskra est cédée à 30 dinars alors que celle dite de bonne qualité a atteint le plafond des 40 dinars. Pareil pour le prix des navets qui ne sont pas descendus, depuis quelque temps, de la barre des 50 dinars en raison, expliqueront les commerçants, du fait que ce n’est pas la saison.
La pomme de terre, cette nouvelle star du marché, ne cesse de voler la vedette et risque de trôner à plus de 75 dinars le kilo d’ici au mois de Ramadan. Après plus d’une semaine de l’adoption du décret présidentiel portant exemption des droits douaniers, son prix oscille toujours entre les 60 et 65 dinars pour la pomme de terre stockée, alors que la pomme de terre fraîche a atteint le sommet de 75 dinars et celle importée est cédée à 40 dinars. Quelques-uns des vendeurs de la pomme de terre importée ont affirmé que malgré cette baisse relative de ce produit, les citoyens hésitent encore à s’approvisionner en cette marchandise et préfèrent les produits frais et stockés. Ce qui a poussé certains commerçants à ne pas s’aventurer pour se la procurer et la vendre aux clients.
Par contre, les prix des viandes sont demeurés stables et hier le kilogramme de viande hachée bovine est proposé à 320 dinars et l’ovine à 400 dinars. Une stabilité qui pourrait s’avérer momentané parce que certains bouchers s’attendent à une petite hausse lors des premiers jours de Ramadhan suite à la grande demande sur ce produit.
D’autres commerçants estiment que tout dépendra de la disponibilité de ce produit vital sur le marché et de la quantité importée.
Sur un autre registre se rapportant à la qualité des produits, une question se pose : est-ce que la surveillance actuellement quelque peu renforcée des policiers dans les marchés et les menaces du ministère du Commerce de contrôler durant ce mois les lieux de stockage, de lutter contre le commerce parallèle et contraindre les commerçants à afficher les prix des produits exposés à la vente pourraient apporter leurs fruits et dissuader les commerçants de s’adonner à de telles pratiques.
Plusieurs d’entre eux étalent toujours leurs marchandises à même le sol et proposent au consommateur de tout, et même des produits nécessitant une conservation dans des endroits frais tels les fromages et les boîtes de thon mettant ainsi la vie des Algériens en danger par ce manque d’hygiène alimentaire largement répandu pendant le Ramadhan.
H.Hayet
