Le message du 17 mai ignoré

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Le plus allègrement du monde, l’on s’achemine vers l’entérinement sans autre forme de procès d’un contournement de la Constitution qu’a constitué le report de l’investiture de la nouvelle Assemblée prévue, légalement, pour, aujourd’hui, dimanche.

A telle enseigne que les premières formations- seules deux en fait, le MSP et le RND – qui se sont  » exprimées  » sur la question ont fait mine, pour le premier parti, de minimiser la portée de la décision de report, pour le second d’ignorer carrément la question.

Contacté par nos soins M. Mokri, parlementaire du parti de Soltani, plaide quant à l’explication du report pour des « considérations techniques » dont la question du traitement non achevé des recours auprès du Conseil constitutionnel et autre préparatifs en cours pour la formation des sept groupes parlementaires.

Quant au parti d’Ouyahia, le RND, dans un communiqué qui nous est parvenu hier, il n’annonce rien de plus que la réunion tenue par cette formation ayant regroupé hier les députés du parti, pour, essentiellement la constitution du groupe RND, à l’APN.

Or, quel citoyen, un tantinet intéressé par l’actualité politique du pays, ne s’est-il pas interrogé sur les motivations réelles de ce report, au vu de la singularité du scrutin du 17 mai ?

Faute de communication sur la question, on s’en est allé et le plus légitimement du monde spéculer sur quelque volonté au sommet de trouver le moyen de satisfaire à la volonté populaire et…annuler un scrutin en vertu duquel une minorité gouvernerait la majorité. Telle perspective- l’annulation des élections – de par sa gravité et sa portée politique, serait le seul motif à la hauteur de l’atteinte faite à la loi fondamentale du pays, dont l’article 113 dispose clairement que « la législature débute de plein droit le dixième jour suivant la date de l’élection de l’Assemblée populaire nationale, sous la présidence de son doyen d’âge assisté des deux députés les plus jeunes… « .

En revanche, la raison la plus plausible du report avancée par la presse, à savoir les tractations autour du poste du président de l’Assemblée, fait office d’une véritable broutille en comparaison à l’entorse indiscutable infligée à la constitution.

Car, enfin avait-on besoin d’user de pareil affront à l’endroit des Algériens pour une simple question de l’occupation du perchoir de l’Assemblée ? Ne pouvait-on épargner la loi fondamentale en différant juste la nomination du président de l’Assemblée surtout que pour ce faire, la Constitution ne prévoit pas de délai précis ? En son article 114, en effet celle-ci, ne dispose rien d’autre que « le président de l’Assemblée populaire nationale est élu pour la durée de la législature ». Mais non, il a fallu que l’on fasse dans la provocation à l’égard des Algériens quelques jours après qu’ils eurent exprimé leur désaveu, justement, de ce genre de pratiques méprisantes, entre autres.

Sous réserve que ce report n’ait pas d’autres motivations qu’une course au perchoir, ce serait décidément désespéré d’un système politique quant à sa volonté de changement, puisque non seulement, il aura ignoré le message du 17 mai, mais qu’en plus, il aura méprisé le statut de citoyen auquel aspirent les Algériens.

H.O.

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