Parce que « les résultats de toute entreprise reposent essentiellement sur la fiabilité de son organisation », la société nationale de commercialisation et distribution des produits pétroliers, Naftal, vient de signer un contrat portant sur sa nouvelle organisation avec le bureau d’études international Accenture France, choisi au terme d’un appel d’offres international qui a vu la participation des grands noms de la profession. La signature du contrat entre les deux parties (le P-DG de Naftal, Akli Remini et le représentant de Accenture France) est intervenue avant-hier soir dans un grand hôtel d’Alger, en présence du ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, et des cadres du secteur. Cette nouvelle organisation aboutira à court terme à la séparation des activités de logistique et de la fonction de commercialisation au sein de Naftal. Cette opération se déroulera en deux phases. La première, consistant essentiellement en la réalisation d’un diagnostic de l’actuelle organisation et la proposition d’une nouvelle, coûtera plus de 416 000 euros pour une durée de 9 mois. La seconde sera consacrée à la supervision par Accenture France de la mise en œuvre du schéma organisationnel. Le montant de la dernière étape est prévu sous forme d’une provision de 1000 hommes /jour avec des prix unitaires de 825 euros par homme et par jour. Selon le représentant de ce bureau d’études, Accenture France a réalisé un chiffre d’affaires de 15 milliards USD, il est fort de quelque 120 000 collaborateurs et 4 000 consultants à travers le monde. Intervenant au cours de la cérémonie, le premier responsable du secteur de l’énergie, Chakib Khelil, rappellera l’imminence de l’application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et ses retombées sur les entreprises du secteur. « Le secteur de l’Energie et des mines connaitra dans quelques jours une évolution nouvelle de sa législation pétrolière avec la mise en application effective de la nouvelle loi des hydrocarbures », dira-t-il. Le ministre reste convaincu que la loi qu’il a initiée, il y a plus de deux ans, « permettra à notre pays de s’insérer pleinement dans un environnement mondial en perpétuelle mutation », et que le secteur, « qui occupe une place prépondérante et incontournable dans l’économie nationale, continuera dans les années à venir à constituer le vecteur de développement durable garant de la santé financière de notre pays ». Cette situation, estimera M. Khelil, impose au secteur des hydrocarbures de se renforcer davantage, de s’adapter et de se moderniser. Les explications de Khelil au sujet des avantages de la nouvelle loi prennent des allures de réponses aux « députés détracteurs » qui ont descendu en flammes la loi Khelil, la semaine dernière, au cours des débats qui ont succédé à la présentation par le chef du gouvernement de sa déclaration de politique générale. « Cette loi nous fera revenir à la période pré- nationalisation des hydrocarbures (1971) ! », n’a pas manqué de déclarer un député du PT, parti où se recrutent les plus farouches opposants à la nouvelle loi. « Cette nouvelle législation permettra assurément d’accroître le niveau de nos réserves d’exploitations d’augmenter nos capacités de production et de mieux valoriser les produits bruts sur place », soulignera Khelil. Poursuivant son argumentaire, il estimera que cette nouvelle législation consacre « le principe du triple rôle de l’Etat, à savoir celui du propriétaire du domaine minier, du producteur des investissements et du protecteur de l’intérêt public. Elle permet aussi aux opérateurs pétroliers nationaux de se consacrer à leurs métiers et à leurs activités commerciales ». Elle permettra aussi la séparation des prérogatives de puissance publique de l’Etat, des missions techniques et commerciales relevant de la responsabilité des entreprises. Aussi, il précisera que la réorganisation de Naftal devra s’inscrire dans ce nouveau cadre législatif. Abordant le chapitre des marges des intervenants dans le secteur, le ministre de l’Energie et des Mines affirmera que « la rémunération de la commercialisation des produits pétroliers sur le marché national, non compris les taxes, doit inclure le prix du pétrole brut entré en raffinerie, les coûts de raffinage, de transport terrestre et par pipeline, de stockage et de distribution de gros et détail plus des marges raisonnables pour chaque activité ». Pour ce qui est des coûts, ils doivent inclure, selon Khelil, les amortissements des nouveaux investissements ainsi que ceux des renouvellements d’investissements nécessaires à la pérennité de ces activités. Là aussi, à bien regarder, l’on ne peut s’empêcher de déceler une justification et une décortication de ce qui est derrière les augmentations des prix des produits pétroliers, intervenues au début de l’année, et qui ont aussi fait l’objet de vives critiques.
Elias Ben