Miroirs

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Par Said Khatibi

Un mythe oriental homérique

S’ouvre à cette nuit privée des noces de la lune

Je savais que la saison de pluie

N’emmènerait que plus de sécheresse à cette oasis d’indifférence et de pillage

Mes regards captifs de cette belle au cœur glacé de l’attente

Ma bien-aimée ! Ma bien-aimée !

Réveille-toi pour me partager

La complicité du corps au bout du hamada

Mon paroxysme perdu se fleurit

– L’horloge nous sépare, me dit-elle

– Ton autisme ne me concerne point. Ajoute-t-elle

« Un monde sans crainte

Près de toi une fidélité sans précédente.

Je milite pour cet amour…

Je milite…pour vivre « 

21 fleurs exotiques

Entourent mes peines

– Je suis née avec cet amour, cependant, mon orgueil m’oppose

Une erreur commise un certain jour d’hiver

Après avoir fini ses lectures, elle se mit à interpréter sa vraie déception :

Acte 1

Le dimanche qui suit la fête

Tu m’interroges et j’incite à l’angoisse de l’otage

mon idole est très grande les plaintes aussi

Ce soir tu viendras pour coiffer mes cheveux,

choisir mon habillement et les couleurs de mes chaussures

Tu es une caravane pleine des confidences, issue des contes des Mille et Une Nuits

L’amour est une blague qui s’éteint avec la mémoire féroce

Page après l’autre

Tu t’élances à la méchanceté de ma patrie cramoisie

Je t’embrasse comme cette nuit accrochée

Sur la poitrine de cette ville fabuleuse

Ton silence… une douleur

Un amour échoué est douloureux

Un amour réciproque est très douloureux

Une brûlure commune

Un cadavre commun

Si tu n’as pas pleuré comme un petit enfant

Quelle tragédie avons- nous inventé ?

Une promesse à tenir

Narcisse n’est qu’un don du dieu absent pour le passionné de l’ocre

Cette fin n’est qu’un début de l’ascension

Acte 2

Pour que tu m’aimes encore, toi…mon premier souci…mon premier anniversaire…toi qui m’a agrandi… et porté mes seins… je… a…i…me

Larmes vides et d’autres sentiments

Enflamment ma mélancolie

Je n’ai plus envie ni de manger ni de boire

Je voudrais te revoir

Franchement, j’ai perdu tous mes sens

L’oreiller ne supporte plus

Mes yeux gonflés des questions

Mon bien-aimé…

Mon petit…

Je suis né dans les replis de l’âme

Mon fils…

Ma vie…

Veuille regretter mon retrait

Aime-moi purement, sans torture

Sans penser à l’azur

Mon point faible est le cauchemar qui hante l’été de mes souhaits et ma jalousie héritée

Une main tendue à l’espérance calcinée

Je hais la voix de l’homme

qui a emprisonné mon silence et mon désir nuptial

Mon remords flotte sur ton bloc- notes

Désolée, je n’ai trouvé que cette feuille

à écrire à avouer

Mon amour vierge après chaque viol

Les frémissements du plaisir me rappellent du dessein qui m’a fait voir le jour mendiante

Au seuil de l’aurore boussaâdie

Tes paupières noires, tes yeux profonds

sont ma belle poésie fidèle souvent, les vraies questions

Nous exigent des mensonges

Ma patience impuissante de couver un amour si grand

Lettre au souverain de l’oasis bleue :

Ciel gris, mon cœur étouffé des péchés, ma folie assoiffée à un lendemain

Couleur d’olivier

J’ai peur de ne plus la revoir

J’ai peur d’être un vrai criminel

Monsieur le souverain, je devais te parler sur l’actualité du commerce, les caravanes du sel venues de la terre des trois cent trente trois saints, des touaregs qui ont remplacé le tifinagh par la couronne de César ou de Ben Guitoune qui a quitté la place publique, cependant, Narcisse se fait une joueuse de luth et moi, l’envoyé du mal

A cette ville d’argile sèche

Le jasmin adoptif a été saisi dans la plaine

avec la voix efféminée

Après tout cela, moi, je ne suis qu’une plaie andalouse

O terre des adieux!

Narcisse ne sera plus

Ni le manifeste de ma passion

Ni l’agenda de mon malheur

Une folie démesurée rivalise les souvenirs du lieu

Une autre gitane dit : « Mon fils n’est allé ni à l’école ni à nulle part. Il n’a porté ni ses cahiers ni ses ambitions. Mon fils s’est égaré dans le cache-cache ».

Les lauriers d’oubli me harcèlent

Au début du siècle

Mon père se mit debout inquiet sur la ville ocre

Opposé à continuer son parcours et son optimisme singulier

Ma mère a guetté l’éclat bleu portant ses lettres amnésiques entre les deux

Narcisse ne veillera point

Sur la monotonie du Sahara

La mort souffle doucement

sept pétales à ce jour vernal

Comme si triste de te revoir très petite !

L’alchimiste refuse de céder son halo

Le courrier de la banlieue a traversé le désert

Le dealer en sommeil calme

Deux tourterelles déplumées

Un passionné de l’ocre ou laiteux tatoué

Le montagneux à l’horizon monolingue

Quand le verbe se taira

Je n’aurai que ta photo noircie

et ma nostalgie aromatisée des excuses

Hélas ! Je suis né

Dans une ville qui assassine les prophètes et qui reconnaît le suicide lent

Si tu savais le site du temple millénaire si tu savais être heureuse

Je me perds dans tes larmes…

Sortilège en palimpseste revues déchirées

J’ai décidé

De ne plus absorber du sang de la gitane ou de la peine de Narcisse

Une ville ornée de jalousies oppose le parcours du martyr

Désormais, tu ne verras plus ma solitude passant par l’étoile hooligan

Veuille me comprendre

Je ne serai ni pour toi

Ni pour d’autres

Je me retournerai à ma grotte mystique

Oubliant les illusions du lendemain fini

O malheur infatigable !

Vois-tu ce que je vois ?

Au bout de la rive

Les yeux de Khaoula

Se perdent dans le néant

Cherchant les tresses de l’hostie et de la gloire introuvable

Des ronces arrangées sur ma tombe

Laisse le passé ruiné

Sur le nuage vertical

Peu importe !

Le paquebot de Noé est parti. Sur le rocher natal, une gazelle console le dieu

O palmier avare !

Ton ombre ne me protège plus

Ton arrogance ne me suffit plus

J’aurai habité

Les sentiers de la fureur

Ou la folie de la dignité appauvrie

J’ai envie de crucifier tous les mots pour voir un monde muet

O mon cher Omar Khayyâm !

Ta peur sur ma paume

et ton ambition à mes prunelles

Les espionnes partout

Les larmes de Khaoula

Un témoignage du roi agonisant

Cependant, son autocratie, pessimiste et entêtée ne me pardonnera point

A l’insu de la chatte aux yeux d’argent

Narcisse se mit à vomir

Son visage blanc…

Et le pacte du 26 janvier

S. Kh.

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