Là-bas, dans les montagnes…

Partager

Au détour d’un virage de la Route nationale 74 tracée à même les rocs du pic de la montagne, apparaît “Trouna” chef-lieu de commune, languissant au soleil de printemps, monotone et merveilleuse. “La région recèle des potentialités économiques notamment agricoles et touristiques prouvées, à la mesure de ses ambitions et répondant aux goûts de chacun, les peuplades constituées de hameaux ressentent un besoin de développement et les habitants pour la plupart vivent dans le dénuement”, tel est le constat dressé par le secrétaire général de la municipalité.“C’est une situation inédite. La fermeture des salle de soins de quatre villages (Tagounits Ighil, Thala N’Tsinzar, Aït Adjissa et Aguemoune), relevant de la commune et les malades font des kilomètres pour aller se soigner à la polyclinique du chef-lieu communal qui recèle aussi des insuffisance telle que la maternité qui fonctionne avec une seule sage-femme au lieu de quatre précédemment, les trois autres étaient affectées ailleurs”, avait déclaré le premier magistrat de la municipalité, Haderbache Med Arab, ancien secrétaire de la mairie faisant fonction d’administrateur de la commune. Les élections pour dégager une assemblée élue n’ont pas eu lieu dans cette commune en 2002. “Nous avons saisi à maintes reprises la direction de la santé et de la population de Béjaïa et la direction du secteur sanitaire d’Akbou pour leur réouverture mais à chaque fois on nous répondait qu’ils manquaient d’encadrement. Pour cela, nous lançons un appel aux pouvoirs publics, notamment le wali pour que justice soit rendue à ces populations, par la réouverture de ces centres de soins”, enchaîne notre interlocuteur.En effet, dans cette commune de 17 000 ha et d’une superficie de 95 km2, située à 100 km de Béjaïa, sur le versant est de la vallée de la Soummam, qui compte 28 villages dont les 3 principaux renferment chacun plus de 3.000 ha (Aguemoune, Aït Adjissa et Trouna, chef-lieu de la commune et daïra), les villages souffrent énormément de l’éloignement des structures administratives,sanitaires, sociales, culturelles… d’où le manque de moyens est criant et se conjugue au présent. Pour certains les routes qui étaient autrefois goudronnées se trouvent actuellement dans de piteux états suite aux dégradations au fil du temps des chaussées qui ne sont jamais réaménagées, pour d’autres, elles sont au stade de pistes carrossables, sinueuses et rocailleuses, revêtues seulement du tout venant, ce qui explique le manque de transport. Les transporteurs se couvrent de l’état pitoyable des routes et de la demande assez faible.Le manque de centres de soins oblige les malades à dévaler monts et vallées pour se rendre à la polyclinique de Trouna. Même topo pour les usagers du téléphone et de la poste. Hormis Aguemoune et Adjissa qui en sont pourvus, les populations des autres localités sont condamnées à se déplacer vers ces bureaux ou à Trouna pour une communication téléphonique ou un service postal quelconque. Néanmoins, ces villages sont alimentés en eau potable et en électricité et dotés d’une école primaire chacun. Dans le domaine éducatif, la localité la plus nantie est le chef-lieu communal avec quatre écoles primaires, un CEM, un lycée et un CFPA.

Chômage endémiqueNée du découpage administratif de 1985, la commune de Béni Maouche était rattachée auparavant à Béni Chebana et en décembre 1990 elle a eu ce privilège d’accéder au rang d’une daïra. Depuis, elle assure doucement mais sûrement son développement économique. A l’instar des villages qui sont pour la plupart enclavés, le chef-lieu communal a connu une ascension fulgurante qui lui a permis de se tailler une réputation de plaque tournante du commerce. Favorisée par sa situation géostratégique où convergent les routes de plusieurs localités du douar Ath Yaâla vers la route nationale 74 qui traverse de bout en bout telle l’arête d’une feuille, distribue des commerces florissants. L’autre label dont elle tire ses lettres de noblesse est le marché hebdomadaire réputé pour ses produits agricoles locaux commercialisés par les fellahs de la région, notamment ceux de Tansaout. Chaque mardi les commerçants et des visiteurs affluent de partout que les deux placettes réservées à cet effet ont du mal à contenir toutes ces foules. Ces dernières années une petite industrie commence à se développer à l’image de quatre PME qui résorbent un tant soi peu le chômage endémique qui se situe aux environs de 35%. Il s’agit des fabriques de chaussettes, de matelas, de détergents et d’aliments du bétail. A ces entreprises s’ajoutent la ferme agricole «Andles» spécialisée dans l’élevage de vaches laitières et dans le cadre de son extension, ouvrira prochainement une fabrique de fromage et de yaourt, et la réalisation de deux stations services dont l’une est entrée en exploitation et l’autre en phase d’achèvement des travaux, avons-nous appris du responsable de la municipalité.Pour les loisirs des jeunes, la ville possède une voûte communale utilisée pour les activités sportives et culturelles, notamment artistiques, une aire de jeux de proximité conçue pour le sport scolaire, deux cybercafés pour les divertissements de jeunes et moins jeunes qui ne se désemplissent pas et un terrain de football aménagé où s’entraîne et joue l’équipe locale de football chérie, fierté de toute la région. Elle est classée 4e dans le groupe pré-honneur de la wilaya de Béjaïa grâce au sérieux et aux efforts des encadreurs, des dirigeants, des joueurs et des supporters. Objectif commun l’accession aux paliers supérieurs. Pour chaque compétition les supporters dévalent monts et vallées pour rejoindre le stade et supporter leur équipe en créant une ambiance perceptible de loin où se mêlent des chants, du bendir et des danses.«En plus de ces structures, nous avons transformé la salle de soins qui se trouvait à l’entrée de la ville en une maison de jeunes dont les travaux sont en voie d’achèvement. Elle sera opérationnelle dans deux mois», déclare ce responsable.Réputée pour ses hivers rigoureux, cette année les villageois sont restés cloîtrés chez eux durant plusieurs jours à cause des couches de neige épaisses de plus de 80 cm à certains endroits obstruant ainsi les routes et les ruelles. Les villageois avisés et aiguisés d’une expérience à chaque entrée de l’hiver, ils stockent des denrées alimentaires, du gasoil, du gaz butane et du bois pour faire face à des situations souvent pénibles.Le secteur de l’habitat, semble être mieux maîtrisé. Dans le domaine du logement collectif, 80 logements sociaux ont été réalisés et livrés, 20 logements du même type viennent d’être lancés et 20 autres logements rentrant dans le cadre du logement social participatif sont en cours d’études, 100 locaux commerciaux entrant dans le cadre du programme présidentiel — la maquette est exposée sur le bureau du secrétaire général de la mairie — dont l’étude a été finalisée et déposée au niveau des services techniques de la wilaya, confia M. Haderbache.S’agissant de l’habitat rural, le certificat de possession toujours en vigueur dans cette commune a favorisé l’émergence du logement individuel où pas moins de 600 demandes d’aides au logement entrant dans le cadre du plan national de développement rural et agricole ont été acheminées à la commission de daïra où 120 ont été déjà accordées.Les calamités naturelles n’ont pas épargné cette commune. Plusieurs villages ont été sérieusement touchés par le violent séisme qui a ébranlé la région en novembre 2000 où des milliers de sinistrés ont été recensés. 1646 ont bénéficié de l’aide de l’Etat pour la construction ou la rénovation de logements. «Cent bénéficiaires dans la cadre individuel n’ont pas encore achevé leurs logements. Ils sont toujours dans l’attente du versement de la troisième tranche. Les bénéficiaires du plan collectif au nombre de 207 ont vu leurs logements livrés en semi fini avec seulement les toitures et les murs extérieurs réalisés et à eux de prendre en charge les travaux de finition qui se résument à la séparation des murs intérieurs, au crépissage, au carrelage, à la boiserie, à la peinture et aux fournitures sanitaires et électriques», fera remarquer le responsable de la municipalité qui enchaîne : «Les concernés ont demandé au wali de Béjaïa lors de sa dernière visite sur l’un des quatre sites en octobre 2004, des rallonges pour la réalisation des finitions. Celui-ci a instruit les services techniques de lui transmettre les photos de ces sites pour étudier leurs situations. Nous déplorons le fait que certains ont habité ces logements dans des conditions de précarité absolue avec l’absence de commodités les plus élémentaires», ajouta-t-il. «L’agriculture aussi a été sérieusement touchée par les dernières chutes de neige. 80% de la superficie complantée d’oliviers est endommagée et les agriculteurs qui ont déposé les demandes pour les indemnisations attendent impatiemment l’aide de l’Etat», dira le responsable des services agricoles.Pour avoir plus d’attrait, la ville refait son mea culpa, avec le lancement des travaux de viabilisation de la grande route. La pose de bordures de trottoirs et le bétonnage des trottoirs ont débuté en grande pompe, mais s’il y a bien un fait à déplorer, il ne peut s’agir que de cette décharge publique à l’entrée de la ville, un endroit qui culmine à plus de 1 000 m d’altitude, avec une vue splendide qui domine la vallée de la Soummam, les confins des villages d’Ath Yaâla et tout le versant de la commune de M’cisna.A la place des amoureux de la nature, l’endroit a changé de maîtres des lieux. Chats et chiens errants, et les corbeaux se disputent chaque jour des tas d’immondices sous les regards furtifs des automobilistes autant que les scènes et les détritus qui jonchent jusqu’à la chaussée ne sont guère agréables à voir. Au moment des incinérations, des fumées noirâtres s’échappent dans l’air polluant tous les alentours et dégageant des chaleurs suffocantes et des odeurs qui coupent le souffle.Enfin pour le chef de la commune, «la consistance budgétaire de l’exercice en cours est très insuffisante par rapport à la réalité économique. Sur les 40 000 000,00 DA sollicités, seuls 12 000 000,00 DA ont été accordés, 11 000 000,00 DA ont été affectés au revêtement de la route reliant Aguemoune à Trouna et le reste est affecté pour l’achèvement des travaux de la maison de jeunes précitée», a-t-il affirmé.

L. Beddar

Partager