Précisions de Maître Mokrane Aït Larbi

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La Dépêche de Kabylie a publié dans son édition du 31 mai un compte-rendu de l’audience du 30 mai du tribunal de Béjaïa, dans lequel on peut lire : “La défense qui n’a pas cessé depuis le début de procès d’attirer l’attention du président sur la santé mentale fragile de l’accusé et qu’il y a lieu de ménager ce dernier, un tant soit peu au cours de l’interrogatoire”, – “ L’inculpé A.M.A, accusé de tentative d’inceste suivi d’homicide volontaire”, – “L’avocat Mokrane Aït Larbi déclare son retrait de l’audience”, – “L’avocat est définitivement dessaisis du dossier”. Afin d’éclairer l’opinion, je tiens à apporter les précisions suivantes : 1- En effet, j’ai attiré l’attention du président sur l’état mental de l’accusé en me basant sur les conclusions de l’expertise psychiatrique faite par Dr Mellah Aissat, psychiatre, où on peut lire : “Monsieur A.M.A, âgé de 65 ans, était en état de démence selon l’article 47 du Code pénal et n’était pas en possession de ses facultés le jour du passage à l’acte… il existe un potentiel de dangerosité”. Cette conclusion a été lue devant le tribunal par la défense et M. B. Mouhoub a bien constaté et écrit que l’inculpé “pique une crise de nerfs. Il quitte la barre sans autorisations du président et se rend au box des accusés où il se met à cogner la tête contre les murs et à pousser d’effroyables cris”. Si on avait pris en considération les conclusion de l’expert et les observations de la défense, on n’en serait pas arrivé là. 2- M. A.M.A. n’a jamais été accusé de tentative d’inceste. L’arrêt de la chambre d’accusation a étés lu à l’audience publique. L’inculpé est renvoyé devant le tribunal criminel pour répondre du chef d’homicide volontaire. 3- Effectivement, et face à cette situations, je me suis retrouvé dans l’impossibilité de continuer les débats pour un procès équitable selon les normes internationales et j’ai décidé en mon âme et conscience de quitter la salle d’audience. Dans le cas contraire, je serais complice d’une parodie de justice et ce n’est pas après avoir exercé la profession d’avocat depuis plus de vingt ans et plaidé sans complaisance dans des affaires plus complexes et plus sensibles que je vais entamer une “carrière” de l’avocat-alibi. 4- J’ai quitté la salle d’audience pour reprendre les débats dans des conditions qui permettent à l’accusé de comprendre la gravité des faits qui lui sont reprochés et de répondre devant le tribunal avec un minimum de lucidité. Je suis toujours l’avocat de l’accusé et personne ne pourra me dessaisir du dossier. Il y a que l’accusé lui-même qui est habilité à mettre un terme à ma constitutions. Or, ce dernier et sa famille tiennent plus que jamais à ce qui je continue à le défendre jusqu’au bout, et je ne vais pas me dérober.

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