l L’enseignement de tamazight à Bouira souffre, dans des proportions plus importantes que les autres wilayas, d’une véritable négligence dont les auteurs sont non seulement les directions de l’enseignement de la wilaya mais aussi des directeurs de CEM, de parents d’élèves et, enfin, du ministère de l’Education.
Un groupe composé de quatre enseignants titulaires de diplôme en langue tamazight s’est rendu hier (jour de visite) au ministère de l’Education pour présenter leurs revendications au secrétaire général mais n’ont pas été reçu sous prétexte de réunion.
Les revendications des enseignants de tamazight à Bouira portent sur l’application du décret ministériel daté de l’année 2005 et qui n’est, jusqu’à ce jour, qu’un texte dépourvu de valeur sur le plan pratique. Le décret constitue une régularisation du poste d’enseignant de tamazight en tant que tel et non en vue de leur fonction initiale. Autrement dit, un professeur de langue amazighe devrait être déclaré comme tel et non comme professeur de mathématiques (ou toute autre matière) chargé d’enseigner tamazight.
Les délégués signalent, en outre, la surcharge dont souffrent les professeurs de la matière à Bouira. En effet, la circulaire ministérielle 446/07 a attribué un nombre précis de groupes pédagogiques à chaque enseignant, à savoir de cinq à six au maximum. Cette circulaire n’est toujours pas appliquée, ce qui empêche l’enseignant d’accomplir son rôle de manière complète aussi bien sur le plan pédagogique que professionnel. Autre point que la liste des revendications a abordé : l’octroi de droit à la formation à distance aux enseignants de tamazight à l’instar des enseignants des autres manières et ce afin d’évaluer le niveau des professeurs en leur permettant d’avoir une licence en la matière. Par ailleurs, les délégués demandent à ce que l’attestation « Tanaga » ait son équivalent comme attestation administrative permettant d’accéder à la Fonction publique. Les postes budgétaires restent encore parmi les problèmes les plus récurrents dont les délégués ne cessent, depuis des années, de signaler la gravité au ministère de l’Education. En effet, la wilaya de Bouira ne compte aucun poste budgétaire à la différence des autres wilayas (Tizi-Ouzou, Bougie…), ce qui est à l’origine d’un phénomène d’insuffisance au niveau du personnel. Les délégués réclament, en outre, l’interdiction de dispenser les élèves ayant étudié la matière de tamazight régulièrement de l’examen de BEM. Cette dispense, nous expliquent les délégués, ne relève en rien d’une raison pédagogique mais, dans certains cas, du refus des parents d’élèves de permettre à leurs enfants de passer cet examen pour des raisons « souvent d’ordre idéologiques », nous précise l’un des délégués. Tamazight souffre donc d’un réel manque d’encadrement au niveau de la wilaya de Bouira et, contrairement aux apparences, aux décrets et aux circulaires ministérielles qui demeurent non entièrement appliqués à ce jour, la situation ne fait qu’empirer. Les quatre représentants des enseignants de tamazight à Bouira se sont rendu hier au ministère de l’Education dans l’espoir de communiquer ces revendications à un haut responsable susceptible de prendre en charge cette énorme défaillance et de lui trouver des solutions adéquates, mais ils n’ont hélas, pas été reçus pour une raison parfaitement illusoire. Le ministère de l’Education, censé être le gardien du temple de l’Ecole, consentira-t-il à honorer son engagement ? L’avenir nous le dira.
Sarah Haidar