Plaidoyer pour la reconstitution de la classe moyenne

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Cette rencontre s’est déroulée en présence de représentants diplomatiques de beaucoup de pays ainsi que la venue d’experts nationaux en économie. Les conférenciers ont expliqué le rapport entre le prix, le salaire et la productivité. Ils ont, par ailleurs, abordé la faiblesse de l’investissement et de la production en Algérie ainsi que les retombées de l’inflation des prix sur le pouvoir d’achat des citoyens, qu’ils ont jugé des plus faibles. Prenant la parole en premier, Réda Hamiani, président du FCE, a souligné que « le FCE se réjouit de l’accord entre le gouvernement et l’UGTA sur les salaires », a-t-il indiqué avant d’ajouter que « le FCE est pour une politique de l’offre et l’augmentation de la production et de la productivité ». Plus explicite, M. Hamiani a ajouté que « l’économie mondiale pousse à une tendance haussière des prix des matières premières, ce qui s’exprime en Algérie par une inflation importée induisant une hausse des prix sans productivité ». Selon le président du FCE, les raisons qui ont poussé son organisme à féliciter les accords entre le gouvernement et la centrale syndicale sont l’organisation à mettre en rapport sur la relation salaire-prix, la nécessité de mettre les compétences nationales avec plus de considération pour la classe moyenne et la hausse du niveau de demande des biens et des services et en fin, s’inscrire dans une logique de partage des gains de productivité, a-t-il expliqué. Outre ces déclarations, M. Hamiani a attribué la faiblesse de l’investissement aux éternels problèmes qui freinent, selon lui, « l’investissement de qualité ». Il cite, comme exemple, l’accès au foncier et aux financements ainsi que les entraves bureaucratiques qui les ralentissent. A la fin de son intervention, M. Hamiani a appelé à la reconstitution de la classe moyenne, garante de la stabilité économique et de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, a-t-il prôné. De son côté, Abdellatif Benachenhou, ministre des Finances, a dressé un tableau peu reluisant de la situation économique et sociale du pays. Il a déclaré que notre pays est installé dans une situation « de pauvreté salariale, donc de faiblesse du pouvoir d’achat des ménages », a-t-il indiqué. Enumérant les causes de cette situation de pauvreté, M. Benachenhou a cité le trouble survenu dans le modèle de consommation des Algériens, avec, notamment, l’apparition du phénomène du crédit à la consommation et aux ménages, qui a entraîné, selon lui l’endettement des ménages durant les vingt dernières années, a-t-il expliqué. D’autres raisons ont été évoquées par l’ancien ministre, à l’instar de l’évolution durant les dix dernières années, de la masse salariale au profit des entrepreneurs individuels, a induit « une nouvelle norme salariale en Algérie ». Il a par ailleurs constaté que, « l’Algérie est entrée dans une zone de turbulences avec une économie mondiale plus inflationniste » et d’ajouter que « cette même économie a tendances aux pénuries, car si nous restons dépendant d’elle, on subira de plein fouet ces crises », a-t-il indiqué. D’autre part, M. Benachenhou a estimé qu’avec la pauvreté salariale des Algériens et la question épineuse d’accès au logement avec les prix exagérés de l’immobilier, « nous risquons de retomber dans le recours au logement social car le promotionnel ne sera plus accessible aux ménages », a-t-il estimé et d’ajouter que « les salaires vont se jouer sur la facilité ou la difficulté d’accéder au logement ». M. Benachenhou a soulevé, en outre, à ce sujet, le problème du taux d’emploi dans les ménages qui a stagné, selon lui, durant les années 2000 par rapport aux années 70 lorsque les salariés étaient plus nombreux au sein des ménages algériens. Toujours dans le même ordre d’idées, l’ex-ministre des Finances a conseillé de « libérer l’offre interne », tout en déplorant, au passage, le fait que la CNEP, qu’il cite comme exemple, « dispose de 1.000 milliards DA de dépôts, en contrepartie, ses prêts pour le logement ne dépasseraient pas les 160 milliards DA », a-t-il souligné. Sur un autre volet, l’ancien ministre des Finances a indiqué que même avec le baril de pétrole à 80 dollars, certains produits et machines ont connu une flambée des plus surprenante. A titre d’exemple, il cite le prix d’une centrale électrique qui a connu une hausse de plus de 250%. Selon lui avec cette hausse des prix de certains produits, le pétrole ne dépasse pas les 50 dollars ou les 30 dollars. Par ailleurs, le ministre a assuré que « nous devons mettre en œuvre une véritable politique de concurrence », a-t-il prôné et de plaider pour une libération de l’agriculture. Abordant la question de la privatisation des entreprises publiques et les investissements étrangers dans notre pays, l’orateur a regretté que « certaines démarches sont restées sans suite ou, du moins, retardées. » A cet effet, il cite le cas, de la privatisation du Crédit populaire d’Algérie (CPA) qui est pourtant, jugée de décisive pour l’avenir du crédit bancaire. Pour sa part, Ahmed Benbitour, ex-Chef du gouvernement, a souligné que trois bonnes opportunités s’offraient actuellement à l’économie nationale afin de la redresser. Pour M. Benbitour, la démocratisation du savoir, l’aisance financière avec plus de 80 milliards de dollars de réserves de change et un endettement extérieur inférieur à 1 milliard de dollars, constitue une aubaine pour l’économie du pays. Ainsi, l’ancien Chef du gouvernement a souligné, aussi, qu’avec un taux d’épargne publique appréciable qui est de l’ordre de plus de 50 % du PIB et un rééquilibrage démographique entre 2000 et 2030, sont d’autres opportunités qui peuvent servir de moteur pour le redressement de l’économie nationale. Selon le conférencier, la tendance démographique algérienne s’orientant vers la tranche 16-59 ans, soit la catégorie en âge de travailler, représenterait près de 30% de la population à l’horizon 2030 contre 19% actuellement, a-t-il expliqué. D’autre part, M. Benbitour a relevé que l’investissement doit se concentrer sur le capital humain et les technologies de l’information et de communication, car, a-t-il estimé, les investissements dans notre pays sont concentrés sur les infrastructures publiques.

Mohamed Mouloudj

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