Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la préoccupation de l’heure pour le commun des Bouiris, n’est pas de savoir qui figurera ou pas sur les listes électorales qui doivent être déposées avant mercredi soir, mais plutôt comment et avec quel moyen aborder la fête de l’Aid prévue pour vendredi ou samedi.
Des dépenses qui viendront s’ajouter à celles d’un mois de Ramadan hors normes, au vu des prix pratiqués sur les aliments de grande consommation les plus essentiels. La semoule est passé pour un sac de 25 kg à 1 200 DA, au lieu des 800 DA tarifié auparavant. La pomme de terre n’a pas daigné descendre au dessous du seuil des 60 DA le kg. Les produits laitiers qui ont eux aussi connu une ascension vertigineuse, sans parler des fruits et légumes ainsi que des autres confiseries de rigueur pendant ce mois sacré. L’Aid El Fitr s’annonce d’ores et déjà comme un cheveu dans la soupe. Les habits, les chaussures et les jouets sont autant de dépenses à prévoir pour un portefeuille anémié par un pouvoir d’achat érodé. Pour un père de famille qui a eu à affronter la rentrée scolaire et le ramadan, le spectre de l’Aid n’est pas un heureux événement. Depuis quelques jours, et sachant que cette fête religieuse devra de toute façon être commémorée selon les rites et les traditions, les spéculateurs ont refait surface.
Aussi bien auprès des fripiers qu’auprès des épiciers, on constate une hausse inexpliquée des prix. Les effets vestimentaires usagers qui jadis étaient plus ou moins à la portée de toutes les bourses sont devenus quasiment inabordable. Des pantalons en jeans sont cédés (excusez du peu) aux alentours de 600 DA pour la taille moyenne d’un adolescent. Pas moins de 1 000 DA pour un blouson en toile de Nîmes.
Les ensembles pour filles tournent aux alentours de 800 DA l’unité. Au niveau des chaussures les prix varient selon l’état de celles proposées à la vente. Des godasses sont parfaitement accessibles moyennant 200 DA la paire, à condition de ne pas être trop regardant sur la qualité. Rien qu’à voir ces prix auprès des fripiers, l’envie d’aller chez un marchand de vêtements neufs disparaît soudainement. Pourtant les dépenses ne s’arrêtent pas là. En se rendant sur les marchés hebdomadaires de la région de Bouira, des marchands investissent les allées pour étaler les jouets de l’Aid.
Comme il est très rare qu’un père de famille fasse ses emplettes seul, car dans l’obligation d’emmener sa progéniture pour essayer les habits qui lui sont destiné, l’exposition de jouets fascine toujours les bambins.
De ce fait, et pour satisfaire les gosses émerveillés, la main du père de famille racle ses fonds de poches en espérant y découvrir quelques biffetons lui permettant de rendre le sourire aux gamins et ‘’ de faire comme l’année dernière’’ ou ‘’ comme son voisin de palier ’’. Toujours parmi les préoccupations de la ménagère, l’achat de farine pour les gâteaux. Cependant les gâteaux en question ne se confectionnent pas uniquement avec de la farine. Raisins de Corinthe, pruneaux, amandes, chocolat, vanille ectc sont autant d’imprévus de dernière minute. Viande blanche et rouge qui devront au minimum faire office de figurant dans le menu de l’Aid sont également des denrées incontournable. Les invités du jour seront attentifs sur ce point, et il ne faudrait pas les décevoir.
Les invités qui pourront bien sûr se déplacer, sinon pour les autres, il faudra prévoir un surplus pour la location d’une voiture afin de leur rendre visite.
Et là encore pas question de s’y rendre ‘’les mains vides’’. Pour peu qu’il y ait plusieurs parents à visiter sur plusieurs centaines de kilomètres d’Est en Ouest, les dépenses augmenteront tout en accroissant la tension artérielle du père de famille. “Saha Aidkoum” n’est en effet pas un vain mot, car il y va réellement de la santé des citoyens saignés aux quatre veines à longueur d’année.
Hafidh B.